lundi 23 avril 2007

Mythologie de Mythra

MYTHOLOGIE DU TAUREAU

Bien qu'il ait une épouse, Jupiter descendait souvent sur terre pour y aimer de jolies filles.
Europe était une nymphe particulièrement gracieuse. Le jour où Jupiter l'aperçut sur un rivage, avec des amies, au milieu des fleurs, il pensa à prendre la forme d'un taureau pour pouvoir l'approcher. Il se montra si aimable, son pelage blanc était si beau, ses yeux si verts, que les jeunes filles voulurent le caresser. Europe voulut même s'assoir sur son dos.
C'est alors que d'un bon, il se releva et s'enfuit vers la mer, avec sa jolie passagère. Après l'avoir déposée sur le rivage de la Crète, il repris sa forme divine et se fit aimer de la jeune fille.
Plusieurs fils naquirent de cette union, entre autres : Minos. Celui-ci pour être élu Roi de la rète, demanda un miracle au Dieu de la mer, Posséidon, qui fit sortir de l'eau, pour lui, un magnifique Taureau.
La légende ajoute encore mille péripéties autour de ce taureau qui fut élevé au rang de constellation.
D'autres mythes et croyances s'attachèrent à ce signe tel que le Veau d'Or.

MINOTAURE

De son vrai nom Astérios ou Astérion c’est un monstre fabuleux vivant en Crète, au corps d’homme et à la tête de taureau. Par Pasiphaé, sa mère, épouse de Minos, le Minotaure est le petit-fils d’Hélios. Il est né des amours de Pasiphaé et d’un taureau que le dieu Poséidon avait fait sortir de la mer pour le roi Minos qui devait le sacrifier. Celui-ci trouvant ce taureau d’une rare beauté le garde dans son troupeau et tue une autre bête à sa place .Fâché de cet outrage, Poséidon anime Pasiphaé d’une passion extrême pour l’animal . Grâce à l’aide de Dédale qui lui fabrique un simulacre de génisse en cuir et en bois la jeune femme se présente au taureau et l’accouplement a lieu. Le Minotaure naît donc de cette union contre nature. Minos honteux et effrayé décide alors d’enfermer le monstre dans un labyrinthe que Dédale lui construit. Il lui donne en pâture tous les neuf ans, sept jeunes filles et sept jeunes hommes d’Athènes, la ville payant ainsi un tribut au roi qui de la sorte venge l’assassinat de son fils Androgée. Un jeune Athénien Thésée venu à Cnossos pour y être sacrifié met fin au règne sanguinaire du monstre en le tuant. Il fut aidé dans sa tâche par Ariane. Elle donna un fil au héros dont il se servit pour ne pas s’égarer et sortir du labyrinthe.

Lorsqu'Europe fut délaissée par Zeus après avoir eu de lui Minos, Rhadamanthe et Sarpédon, en Crète, elle épousa Astérios, le prince régnant.
Comme ce ménage était sans enfant, Astérios adopta Minos, Rhadamanthe et Sarpédon et en fit ses héritiers. Ils se disputèrent l'amour d'un beau jeune homme appelé Milétos, qu'Apollon avait eu de la Nymphe Aria; Milétos, ayant décidé que c'était Sarpédon qu'il préférait, fut chassé de Crète par Minos et il s'embarqua, à la tête d'une importante flotte, pour la Carie, en Asie Mineure, où il fonda le royaume de Milet.
Après la mort d'Astérios, Minos réclama le trône de Crète et comme preuve de ses droits à la succession, il se vanta que les dieux exauceraient toute prière qu'il leur ferait. Après avoir dédié un autel à Poséidon et fait tous les préparatifs pour le sacrifice, il demanda qu'un taureau sortît de la mer. Aussitôt un taureau d'un blanc éblouissant apparut et se mit à nager vers le rivage, mais Minos fut tellement impressionné par sa beauté qu'il l'envoya rejoindre ses propres troupeaux et il en tua un autre à sa place. Les droits de Minos au trône furent reconnus par les Crétois, sauf par Sarpédon, qui, encore affligé à cause de Milétos, déclara qu'Astérios avait eu l'intention de partager ce royaume à parties égales entre ses trois héritiers; et, en effet, Minos avait déjà partagé lui-même l'île en trois régions et choisi une capitale pour chacune d'elles.
Chassé de Crète par Minos, Sarpédon s'enfuit en Cilicie, en Asie Mineure, où il s'allia à Cilix contre les Milyes; il conquit leur pays et devint leur roi. Zeus lui accorda le privilège de vivre durant trois générations; et, lorsqu'il mourut, le royaume milyen fut appelé Lycie, du nom de son successeur, Lycos.
Ariane et le Minotaure par Boris VALLEJO
Pendant ce temps, Minos avait épousé Pasiphaé, fille d'Hélios et de la Nymphe Crété. Mais Poséidon, pour se venger de l'affront que lui avait fait Minos, fit que Pasiphaé s'éprit du taureau blanc qui avait été détourné du sacrifice. Elle confia sa passion contre nature à Dédale. Le célèbre artiste athénien qui vivait à présent exilé à Cnossos, Dédale promit de l'aider et construisit une vache creuse, en bois, qu'il revêtit de la peau d'une vraie vache, il la plaça sur des roues, dissimulées dans ses sabots, et la poussa dans le pré, non loin de Gortyne, où le taureau de Poséidon broutait l'herbe. Pasiphaé fut ainsi satisfaite et, quelque temps après, elle donna naissance au Minotaure, monstre à tête de taureau et à corps humain.Minos consulta un oracle pour savoir comment il pourrait éviter le scandale et cacher la honte de Pasiphaé. La réponse fut: " Demande à Dédale de te construire une demeure à Cnossos où tu te cacheras ! " C'est ce que fit Dédale et Minos passa le restant de sa vie dans l'inextricable dédale appelé le Labyrinthe, au centre duquel il cacha Pasiphaé et le Minotaure.

Minos fut le premier roi à avoir le contrôle de la Méditerranée, qu'il débarrassa des pirates; en Crète, il régnait sur quatre-vingt dix cités. Après le meurtre de son fils Androgée par les Athéniens, il décida de se venger; il fit le tour de la mer Egée, rassembla des navires et leva des troupes. Une partie de la population de l'île accepta de l'aider, l'autre refusa.
Pendant ce temps, Minos harcelait l'isthme de Corinthe. Il mit le siège devant Nisa, gouvernée par Nisos l'Égyptien, père d'une fille, nommée Scylla.
Minos devint par la suite juge des Enfers et son trône revint à son fils Deucalion.

MITHRA

L'histoire de Mithra, le "Dieu-Soleil" de Perse, précède le mythe chrétien d'au moins 600 ans. Mithra a les caractéristiques suivantes en commun avec le Christ: Mithra est né dans une grotte d'une vierge un 25 décembre. Il était considéré comme un grand sage et un maître qui voyageait beaucoup. Il était appelé "le bon berger". Il était considéré comme "la voie, la vérité et la lumière". Il était encore appelé "le rédempteur", "le sauveur", "le Messie". Il était associé au taureau. Son jour sacré était le dimanche, le "jour du Seigneur," des centaines d'années avant l'émergence du mythe du Christ. Il était particulièrement célébré autour de la période de l'année qui deviendra les fêtes de Pâques. Il avait 12 compagnons ou disciples. Il accomplissait des miracles. Il fut enterré dans un tombeau. Après trois jours il se leva. Sa résurrection était célébrée chaque année. Les paroles de la Cène sont empruntées à celle des sectateurs de Mithra.

- Albrecht Dieterich (1866-1908) avait déjà établi dans sa Liturgie de Mithra (1903, 2e éd., 1910) un certain nombre de faits significatifs, parmi lesquels :
- le terme "sacrement" n'est rien d'autre qu'une traduction du grec correspondant à "mystère",
- les conceptions du croyant comme "enfant de Dieu" et d'une renaissance possible de l'être sont communes à tous les cultes à mystères de l'Empire romain: Mithra, Isis, Attis, Apollon, etc.
- l'acte de manger le dieu au cours d'une célébration pratiquée déjà dans le culte mithriaque correspond au thème de l'union sacrée.
- La hiérarchie des fonctions, caractéristique du clergé chrétien, est quasiment identique à celle des prêtres de Mithra à laquelle elle a été substituée, et la papauté vaticane elle-même est bâtie sur le modèle du règne de Mithra, ce dernier partageant nombre d'attributs avec Jésus, et qui fut élaboré bien antérieurement à la figure de Jésus
En fait, dans les catacombes de Rome, on trouve des images d’Horus représenté comme un bébé tenu par Isis, la vierge mère - la "Madonne et l'enfant" initiaux 21 - et le Vatican lui-même est construit sur la papauté de Mithra, qui a de nombreux points communs avec Jésus et qui a existé longtemps avant que le personnage de Jésus ne soit formalisé. La hiérarchie chrétienne est presque identique à la version de Mithra à laquelle elle s’est substitué 22. Pratiquement tous les éléments du rite catholique, de l’obole à l’ostie et de l’eau bénite à l’autel jusqu’à la doxologie sont directement empruntés à d’anciennes religions à mystères paiennes.

LE CULTE DE MITHRA :

Un grand nombre de sujets romains avaient adopté le Mithraisme, et plus particulièrement les soldats (dans les camps militaires, Mithra était le dieu protecteur). La divinité indo-iranienne appelée Mitra (l'ami) en sanscrit et Mithra en avestique est décrite dans les Veda et dans l'Avesta comme étant le dieu des contrats et de la solidarité. Si son rôle est demeuré secondaire en Inde, où son culte ainsi que celui de son frère Varuna déclinèrent très vite, il n'en fut pas de même en Iran, où il prit une importance croissante et où il fut l'objet d'un culte très populaire; ce culte, transporté hors des limites de la Perse et agrémenté d'éléments étrangers, devint le noyau d'une religion avec initiation et enseignement ésotérique, connue sous le nom de mithriacisme. Les adorateurs de Mithra reconnaissaient une divinité unique manifestée par la lumière des astres, surtout le Soleil, brillant et invincible, ennemi de la nuit et des démons. Mithra, ange de la lumière, était un serviteur du dieu suprême Ahura Mazda (Ormuzd) et l'intercesseur des hommes auprès de lui. Cette religion était très austère; les initiés étaient soumis à des épreuves, puis baptisés par aspersion avec le sang d'un taureau sacrifié (taurobole) pour devenir frères d'armes. Les prêtres enseignaient que par la pratique de certains rites de purification, d'abstinence et de communion on pouvait participer à la nature des astres lumineux et immortels.
Le mithriacisme se répandit d'abord en Asie Mineure, en Égypte, puis en Italie où il fut apporté par les légions romaines et d'où il passa en Gaule, en Germanie et en Espagne. Il tint tête au christianisme jusqu'au IVe siècle, époque à laquelle il se heurta aux persécutions de l'empereur THEODOSE, dont un édit, en 391, interdit le culte païen et les sacrifices sous peine de mort. L'empereur JULIEN, par contre, fut un adorateur de Mithra. Le dieu est généralement représenté sous les traits d'un jeune homme coiffé d'un bonnet phrygien et vêtu d'un manteau flottant, d'une tunique courte et d'un pantalon oriental; il poignarde un taureau qu'il a terrassé. À Rome, le temple de Mithra était creusé sous le mont Capitolin, les mystères mithriaques se célébrant dans une caverne, à proximité d'une source.
Le taureau est présent à des degrés divers dans nombre de religions, les cultes d'Apis et de Mithra notamment. Divinité d'origine perse, Mithra est le dieu Sauveur, le Vainqueur invincible que les armées romaines ont célébré dans tout l'empire jusqu'à l'avènement du christianisme. Mithra est né d'un rocher, après le solstice d'hiver, un 25 décembre, quand le Soleil renaît et que les jours recommencent à grandir. C'est sur l'ordre du Soleil que Mithra égorge le taureau primordial après l'avoir dompté. De son sang versé et de sa moelle naîtront végétaux et animaux. Ce culte marque l'alternance cyclique de la mort et de la résurrection ainsi que l'unité permanente du principe de vie. Le christianisme pour s'imposer devra lutter contre ces cultes païens et éliminera progressivement le taureau du bestiaire médiéval pour lui préférer le bœuf docile de la crèche.
Dans la religion de Mithra les initiés se nommaient selon leurs grades corbeaux, lions, etc. Comme les chrétiens, ils se désignaient entre eux sous le nom de frères. En haut de la hiérarchie, formant un sacerdoce, il y avait les Pères et les Pères des Pères dont le rôle était relativement semblable à celui des évêques chrétiens.
Fort était-il un Père des Pères dans le culte de Mithra ? Officia-t-il dans le Mithreum (temple dédié à Mithra) bordelais découvert en 1986 lors de la démolition du magasin Parunis (cours Victor Hugo, à deux pas des Halles Lagrue) ?
La chose ne semble pas impossible. Saint Augustin nous rapporte qu'il fut frappé de voir que l'un de ces Pères des Pères convint qu'ils servaient tous deux le même Dieu.
Sans vouloir trop insister sur les analogies entre les deux cultes, notons l'idée commune d'un médiateur entre la Trinité et l'être humain... Tertullien, qui n'aime pas la religion mithraïque note cependant que ses sacratis (initiés) ont des "sacrements" (il emploie le mot): baptême, onctions de miel, usage eucharistique de pain, de vin et d'eau consacrés par les Pères.
Tertullien qui écrit vers 200 ap. J.-C. juge que ces ressemblances sont les artifices du diable. Mais l'épisode de Fort se passe avant le combat épistolaire de Tertullien, à une époque où l'Apôtre Paul n'a pas craint d'identifier le Dieu inconnu des athéniens et le Dieu des chrétiens, et où un autre porteur de l'Evangile va identifier Isis (la Vierge qui doit enfanter) et Marie (la Vierge qui a enfanté).

QUI ETAIT MITHRA ?

Mithra, nom provenant de la langue avestique et du vieux perse, était la divinité solaire la plus importante des peuples indo-iraniens. En sanskrit il est Mitra, et en persan moderne il s'est transformé en Mehr, qui signifie Soleil, amour, amitié et serment. Les réformes religieuses de Zarathushtra (Zoroastre) en Iran (dans les environs de 1500 av. J.-C.) le reléguèrent au rang d'ange. Zarathushtra établit Ahura Mazda, l'intelligence suprême, comme le dieu unique. Cependant, la popularité de Mithra s'accrût durant le 4ème siècle av. J.-C., et Mithra occupa une nouvelle fois une place privilégiée dans le panthéon perse. Mithra réapparut donc dans l'épigraphie des rois perses à dater d'Artaxerxès II (405-359 av. J.C.), il y était un dieu des armées en même temps qu'un dieu de la justice divine. Les soldats grecs au cours de leurs expéditions en Iran connurent le culte de Mithra. Malgré l'effondrement de l'Empire perse après l'invasion d'Alexandre en 336 av. J.-C., Mithra garda de nombreux fidèles en Asie Mineure et surtout en Arménie. Par la suite la dynastie Parthe de l'Iran ( (247 av. J.-C. à 226 apr. J.-C.) le vénéra et l'inclut parfois dans le nom de ses rois, comme Mithradate Ier le Grand, ce nom signifiant « donné par Mithra ».
Les Grecs d'Asie Mineure identifièrent Mithra à Hélios, dieu grec du soleil, contribuant ainsi à répandre son culte; il acquit de nouveaux attributs et devint progressivement l'objet d'un culte à mystères. La première congrégation fut créée à Rome, vers 68 av. J.-C., par des soldats adulateurs de Mithra, sous la direction du Général Pompée. Les colonies romaines, nombreuses en Asie Mineure, constituaient des liens entre la Perse et la Méditerranée et permirent la diffusion du mithraïsme dans l'Empire romain. D'autant plus que les légions envoyées par Rome dans les zones frontalières restaient parfois des années en contact permanent avec les Perses et que des régions s'échangeaient entre les Perses et les Romains. Mithra fit son entrée dans la littérature latine vers l'an 80 lorsque le poète Statius écrit: « Que tu préfères porter, le nom vermeil de Titan, suivant la tradition du peuple achéménide, ou d'Osiris frugifère, ou de celui qui sous le roc de l'antre Persique force les cornes du taureau récalcitrant: Mithra! » En effet, si le mithraïsme attirait esclaves et hommes libres, le fait qu'il insistait sur des notions telles que la vérité, l'honneur, le courage et la fraternité et qu'il exigeait de la discipline, fit de Mithra le dieu des soldats et des commerçants. On lui dédia des temples et des lieux de pèlerinage à travers l'Empire. Le culte de Mithra se répandit dans tout l'Empire romain de l'Espagne à la Mer Noire en montant vers l'Ecosse dans le nord et en descendant jusqu'au Sahara. De nombreux vestiges de ce culte ont été trouvés en Grande Bretagne, en Italie, en Roumanie, en Allemagne, en Autriche, en Bulgarie, en Turquie, en Arménie, en Syrie, en Israël, en Suisse (Martigny), et en France (Bordeaux, Bourg Saint Andéol dans l'Ardèche, en Alsace, Metz, et ailleurs). A Rome même une série de temples étaient répandus dans toute la ville, mais ils ont été détruits par les Chrétiens. On en compte aujourd'hui à Rome une quarantaine, tandis qu'à l'époque il devait y en avoir trois fois plus. Selon Ernest Renan, « Si le christianisme eut été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eut été mithraiste. »
Les Romains nommaient Mithra Deus Sol invictus, Soleil invaincu. L'empereur romain Commode (161-192 apr. J.-C.) lui-même fut initié au culte de Mithra, et sous le règne d'Aurélien (270-275) le mithraïsme fut proclamé religion officielle de l'Empire et l'empereur l'incarnation terrestre du Soleil. C'est Aurélien qui en 274 déclara le 25 décembre jour anniversaire de la divinité (natalis solis invicti). Cependant lorsque Constantin 1er (v. 274-337 apr. J.-C.) se convertit au christianisme en 312 apr. J.-C., le mithraïsme perdit de son influence et, après un bref renouveau sous Julien dit l'Apostat (331-363), ce culte disparut. Ce philosophe et poète, qui avait embrassé le mithraïsme, tenta de restaurer le culte du Soleil. Ironie du sort, il fut tué en 363 apr. J.-C., lors d'un combat contre les Perses en Mésopotamie.

NOEL, LA NAISSANCE DE MITHRA

Malgré sa disparition, le mithraïsme inspira beaucoup le christianisme, en particulier en ce qui concerne Noël. La fête la plus importante dans la religion de Mithra se situait au jour du Solstice d'hiver, considéré comme le jour de naissance de Mithra et la victoire de la lumière sur les ténèbres. En effet, à partir du solstice d'hiver les jours s'allongent de plus en plus avec la montée du Soleil vers le Nord. Or le choix du 25 décembre par les Romains pour le solstice d'hiver est dû à une erreur commise lors de la réforme du calendrier romain. En fait, Jules César établit en 46 av. J.-C. un nouveau calendrier préparé par l'astronome Sosigène. Ce calendrier, dit Julien, fixait le début des saisons: le printemps au 25 mars, l'été au 24 juin, l'automne au 24 septembre et l'hiver au 25 décembre. Mais ces dates étaient en retard de un ou deux jours par rapport à la réalité.
Chose étonnante, les premiers chrétiens ne célébraient pas le 25 décembre et ignoraient la date de naissance du Christ. L'Evangile de saint Marc, considéré comme le plus ancien, ne parle pas de la vie du Christ, et les deux seuls Evangiles qui évoquent sa naissance, ceux de saint Luc et saint Mathieu, ne donnent cependant jamais de date pour la Nativité. En tout cas, d'après l'Evangile de Luc (2 :8), lors de la naissance du Christ « il y avait dans la même contrée des bergers demeurant aux champs, et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit. » Or, le mois de décembre en Palestine est généralement pluvieux et il fait froid; les bergers ne laissent pas à cette période de l'année leur troupeau en pâturage. Au 2ème siècle apr. J.-C., une première mention de la fête se trouve chez Clément d'Alexandrie qui, évoquant les fidèles du théologien Basilide, nous apprend que ceux-ci fêtaient le 6 ou 10 janvier le baptême du Christ. Cependant dès la première moitié du 4ème siècle la fête de l'Epiphanie réunit à la fois le baptême et la naissance du Christ. (Masson : on a vu dans l'étude du Calendrier Celte du Val Sainte Marie à quoi correspondait exactement cette date : c'est le nouveau départ du cycle solaire, "l'allumage du feu".) Un papyrus datant du 4ème siècle découvert en Egypte contient la plus ancienne liturgie de Noël, célébrée alors dans la nuit du 5 au 6 janvier. En somme, la fixation au 25 décembre a été décidée par le Pape Jules 1er en 340. Ce choix semble donc avoir été éminemment tactique.
Le mithraïsme était riche d'éléments qui tiraient leur origine des siècles et parfois même des millénaires de culture indo-européenne, contrairement à la jeune religion du Christ venue de Palestine. Par conséquent, les premiers chrétiens romains, en abandonnant le culte de Mithra, y restèrent longtemps encore très attachés, d'où la présence de nombreux rites mithriaques en christianisme. Par exemple, dans la religion de Mithra on sacralisait le dimanche, le jour du Soleil (d'où Sunday ou Sonntag). De même, le pain et le vin étaient consacrés dans l'eucharistie. On représentait Mithra naissant d'un rocher, en présence de bergers. De plus, le baptême chrétien et l'utilisation de musique et de cloches ainsi que de l'eau bénite proviennent du culte de Mithra. Quant au clergé, il a emprunté le titre de « père » aux prêtres de Mithra, malgré l'interdiction formelle du Christ: « N'appelez personne votre « Père » sur la terre: car vous n'en avez qu'un, le Père céleste » (Mt 23:9). Il n'est donc pas étonnant que la mitre, le bonnet des évêques, rappelle Mithra et que la coiffure d'apparat du Pape, la tiare (un mot d'origine perse), dérive du frigium ou bonnet phrygien.
Les cultes païen et chrétien à Rome coexistent et se mêlent encore pacifiquement jusqu'au 4ème siècle. C'est à cette époque que la célébration de Noël fait son apparition et que le 25 décembre est choisi comme date de naissance du Christ. Longtemps l'Eglise tient compte des rites païens pour convertir les gens. Le paganisme ne disparaît pas du jour au lendemain, car les païens, surtout l'aristocratie, résistent. En effet, l'Eglise, tout en maintenant les coutumes païennes, changeait leur nom pour mieux imposer le culte chrétien. Cependant, lorsque le christianisme accède au pouvoir et devient la religion officielle de l'Empire romain, le culte de Mithra n'est plus toléré; les mithriaques sont même accusés de falsification satanique des rites les plus saints des chrétiens. Pour finir, le calendrier chrétien a été établi au 6ème siècle, plus précisément en 525, par le canoniste Denys le Petit, qui fixa la date de naissance du Christ ainsi que l'origine du calendrier chrétien. Mais il s'est trompé de quelques années!
Mithra n'a pas disparu de son pays natal, l'Iran. Durant les dynasties Parthes et Sassanides (3ème siècle av. J.-C. au 7ème siècle apr. J.-C.), il avait une place prépondérante même dans la religion zoroastrienne. Sur les bas-reliefs sculptés dans la roche, on le voit surveiller l'investiture des rois Sassanides par Anahita, la déesse des eaux, de la pureté et de la fécondation. Après l'invasion islamique au 7ème siècle, Mithra semble constituer un des éléments des mouvements de résistance iranienne et on peut trouver des traces du bonnet rouge jusqu'au 15ème siècle. Mithra a aussi été une source d'inspiration pour les mystiques et surtout pour les grands poètes comme Hafez de Chiraz (14ème siècle). Aujourd'hui, les Iraniens n'ont pas oublié Mithra: ils célèbrent chaque année sa naissance le 21 décembre, jour du solstice d'hiver, qu'ils appellent « nuit de Yalda » (Yule chez les Scandinaves!). De plus, le septième mois du calendrier solaire iranien est consacré à Mithra, d'où son nom de « Mehr », tout comme la grande fête de Mehregan, qui marque le début de l'automne et celui du mois de Mehr. Ces fêtes reprennent toute leur importance ces dernières années, avec le retour des Iraniens à leurs anciennes valeurs culturelles.
Quelle fabuleuse épopée que celle de ce bonnet. En traversant les âges, il a su rester commun aux dieux et aux hommes, témoin de tant d'évènements décisifs de l'histoire de l'humanité.

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