La Lyre commence par le signe du zodiaque d'Hermès qui est celui des Gémeaux, dans la mythologie on lit que la lyre a ét fabriquée à partir d'une carapace de tortue. Il tendit sur la carapace de la tortue les cordes fabriquées avec les boyaux des bœufs sacrifiés. Dans une autre version il utilisa des boyaux de moutons. Hermès charme Appolon en jouant de la lyre. Il échangea la toute première Lyre contre le Caducée à Apollon.
Le Dagda, lui aussi possède une harpe magique avec laquelle il faisait changer les saisons car il est le dieu tutélaire des musiciens. Ce qui est normal puisque la Lyre se termine par le signe du Bélier.
Position de la Lyre d’Hermès
On la trouve comprise dans les deux cartes IGN 3415 Ouest Nancy et 3315 Est Neuves-Maisons. Elle est situé entre 54,06 gr soit 48° 39’ 14’’ de Latitude Ouest et 53,89 gr soit 48° 30’ 03’’ de Latitude Est et entre 6° 10’ (7,33 gr) et 6° (7,19 gr) de Longitude Nord-Sud.
La Lyre est refermé par un relief de côte que nous allons lister, la forêt de Haye symbolise la carapace de tortue :
Relief de côtes de la demi-Lyre en partant de Neuves-Maison et en arrivant à Frouard :
carte IGN 3315 est Neuves-Maisons
- Mommelier
- La brocotte
- Val de Fer
- Champ Voittel
- Val Fleurion
- Voie de Clairlieu
- la Côte
- Mazagran
- Saussaie
- Chiloux
- Friche des moines
- Tréfot
- Les Rayeux
* Maron
- Haut Pierrier
- Les chalades
- Les corvées
- Les bourbières
- Chemin de la Petite Goutte
- la croche
- Chemin de la Grande Goutte
- Grotte de la carrière
- Refuge des amis de la nature
- Ball trap
- Mirador
- Grotte du Géant (on comprend maintenant de quel Géant il s'agit : d'Hermès !)
- Grotte du Chaos
- Le Tremblot
- Chanot
- Ferme de Fays
- La Pierre le Jau
- Les Raies
- En Andelin
- Sur le chemin blanc
- les Paumières
- la Grande Côte
* Fontenoy-sur-Moselle
- Chante Reine (la chante reine est une corde !)
- Ravin de la Jadolle
- Poirier charbon
- la croix chanot
- chauffour
- la poste de Velaine
- Institution Sainte Camille
- le Juré
- Longues Venory
- Aux Herboux
- Croix Jean Deny
- Au Sucré
- En Couémont
- la Fontaine Collin
- Côte le Prêtre
- A la poche
- Bois des Haiottes
* Aingeray
- Haut du Château
- Sur la Claire
- Au bas de Malzey
- Bois de la Claire
- Domaine des Eaux Bleues
- la Garenne
- château de la Flie
- le Grand Bois
- Anc. mine
- St Martin chap.
- Le Rond Chêne
- Le Nid
- Le clos de la Forêt
- Vuillatreiche
Le plateau de Haye de haut en bas :
- le châtillon 362
- les Essarts 351
- les Rays 362
- le charmois 355
- Côte du Pimont 272
- la Valtriche 324
- Source de la Vaux de clef 318
- le Grand Bois 238
- GR de Pays 329
- Rendez-vous du Gascon 331
- Bois communal de la Fourasse 304
- Le Bouquet d'Arbres 328
- Chemin du Noirval 258
- Bois du Vaurot 262
- le Vaurot 287
- Bois de la claire 250
- Ferme du Vaurot 274
- le Crousté 261
- la fontaine au bois 268
- les Fourneaux 275
- les chouères 283
- Golf de Nancy Aingeray 288
- Devant le Banal 267
- A la Maix 271
- Au Haut de Soisson 262 (qui nous fait penser au vase de soisson !)
- Haut de Pèrigère 270
- Devant Malzey 256
- Haut de chateau 266
- Mongambé
- le Démochot 251
- Aux Tremblots 262
- Bois de Namplain 262
- Bois de la Tête de l'Ermite 265
- Bois de Sexey 277
- A la Terre au bois 266
- Canton de la route de Liverdun 290
- Bois de Velaine 275
- Crépemare 320
- Les Quatre Marroniers 333
- la Grande Malpierre 322
- Route du Chêne Bardeau 281
- Route Malmontée
- Champ de tir de la petite Malpierre 319
- Route des navets 326
- Les Trois Fauchons 326
- Série de la petite Malpierre 271
- Fonds de Toul 248
- Bois Harmand 329
- Echangeur de Nancy 340
- Les Baraques
- Les cinq tranchées 307
- Maison Forestière 343
- Parc de Haye 328
- Zone commerciale 306
- Bois communal de Velaine 318
- la Grande Côte 206
- Chante Reine
- Haut du Trône 216
- La combe 251
- le Bois Essarté
- le Bois Juré 248
- Bois du Tambour 252
- Au chauffour 250
- Hameau de Granchamp 264
- Bois de Gondreville 276
- Route Camille 276
- Route Renard 281
- Tranchée Parade 300
- Bois de l'Embanie 314
- Route Neuve 324
- Sentier de la Forge 304
- Champ la chèvre 312
- Fond de Monvaux 243
- Sentier de l'étang de Faïence 241
- Carrefour du Saut du Loup 332
- Anne Verjus 331
- Sentier du grand Tremble 348
- Le Saut du Cerf 335
- Bois de Maron 331
- Chemin du Vallonnier 303
- le petit Vallonnier 352
- Route Anne Verjus 329
- Fleur de Lys 357
- Le Gros Charme 329
- La Croix Mitta 362
- Route Charlemagne 348
- Carrefour Charlemagne 384
- Carrefour des six bornes 370
- La Grande Haye 284
- Sentier du Val de Haye 333
- Route de Laxou 348
- Route de Martinvaux 400
- Maison forestière de Marie Chanois 400
- Charbonnier 356
- Sentier de la borne 371
- Sentier du Tonneau 350
- Route Jean Lebrun 341
- Chemin de la Crédence 350
- La Petite Haye 342
- Chemin Pottier 361
- Champ de Tir de la petite Haye 342
- Sentier des Roches 350
- Anc. champ de Tir de Laxou 300
- Route de Clairelieu 344
- Bois Mangin 347
- Carrefour Garonski
- Route Villers 366
- Clairlieu Nord 356
- Croix Grand Colas 376
* Clairlieu
- chemin du Puits 382
- Carrefour de la Haute Borne 368
- Marie Chanois 375
- Les Chalades
- Gouffre des chiens
- Bois madame 370
- Diaclase Marie Chanois 366
- Tranchée de Marie Chanois 379
- Carrefour Maron 384
- Les Essards
- Bois de Chaligny 416
- Carrefour Fisson 394
- Route de Maron
- Maison Forestière Marie Chanois 400
- clairlieu Sud 392
- Réservoir de la Vierge 419
- Bois de Neuves-Maions 400
- Pinte de vin
- bois du Four 365
- Route du charbonnier 393
- Les enclos 379
- Le Haut de la Taye 379
- Carrière Nanquette 400
- Fond de Gréchin vau 382
- La Vierge de Chaligny 378
- chemin de la Haute Borne 392
- Route Henri Barré 372
- Ligne Historique 379
- Charlemagne 407
- Route de Nanquette 395
- Bois de Remenaumont 390
Géographie de la Lyre
DONNEES GEOGRAPHIQUES DU PLATEAU DE HAYE :
Nous sommes sur la bordure Est d'une "cuvette": le bassin Parisien. Il y a 200 millions d'années, la mer occupait cette cuvette. Elle s'est retirée en laissant la place à une succession de terrains de grande épaisseur, les uns calcaires, les autres argileux, marneux. L'ensemble est légèrement incliné vers l'Ouest et est appelé "relief de côtes".
Les Vosges constituent le bord Est de la cuvette. Les terrains calcaires, durs, ont peu de terre. Ils sont recouverts pour l'essentiel par la forêt. Ce sont les plateaux. Les terrains marneux sont les terres cultivées, elles correspondent aux plaines. Si la naissance des Alpes s'était faite en douceur il y aurait eu un immense plateau allant de la Forêt de Haye au plateau de Pont-Saint-Vincent encadré par la plaine d'Essey, Nancy au Nord et le Saintois au Sud. Mais cette naissance fut partiellement douloureuse. Et c'est ainsi que l'immense plateau calcaire a été fendu jusqu'aux marnes suivant un axe Sud-Est, Nord-Ouest. Cette entaille s'est développée au fil des temps et a donné la vallée de la Haute Moselle dans laquelle s'engoufre la Moselle. Protégée des vents, la vallée bénéficie d'un microclimat qui a permis le développement de la viticulture sur son flanc Nord bien ensoleillé grâce à une bonne exposition Sud. C'est sur ce flanc Nord que Neuves-Maisons s'étend à la sortie d'un Thalweg dans lequel coule le Mazot alimenté par le plateau calcaire de la Forêt de Haye, gorgé d'eau de pluies et d'humidité dû à son altitude.
DONNEES GEOLOGIQUES DU PLATEAU DE HAYE :
L'apport de sables ferreux par un grand fleuve ardennais a comblé une partie de la cuvette entre 2 couches calcaires dans les temps géologiques. Cette couche de fer est devenue le gisement de fer lorrain constitué par un minerai titrant environ 30% de fer appelé minette de Lorraine. L'entaille du plateau de Haye avec la vallée de la Haute Moselle a permis à la fois de reconnaître et d'exploiter très tôt ce gisement. C'est ainsi qu'avec les romains est apparue une sidérurgie. Mais cette sidérurgie ne s'est pas réellement développée bien que la "Vieille Forge" produisait 1200 T. de fonte blanche par an au XVIII ième siècle. En effet, cette fonte était cassante à cause du phosphore contenu dans le fer.
En 1870, on ne savait pas encore éliminer de façon correcte le phosphore de l'acier. En 1870, les Prussiens victorieux ne se sont donc pas intéressés au minerai de fer Lorrain trop phosphoreux et ont préféré prendre l'or du trésor national et annexer la partie charbonnière de la Lorraine. Mais peu de temps après, avec le procédé Thomas, le minerai de fer Lorrain donnait un très bon acier, en grande quantité. C'est ainsi que le gisement lorrain devint le premier gisement de fer au monde, au début du XXième siècle.
La région de Nancy avait quelques sites privilégiés pour développer sa sidérurgie et l'un de ses sites où la réunion - minerai de fer, forêt, rivière - était parfaite.
Forêt de la Lyre
LA FORET DE HAYE :
Il existe, autour de Nancy, et à moins de 15 km du centre-ville, une couronne de hauteurs boisées, presque continue:
- A l'ouest, le vaste plateau de Haye, à 160 - 200 m au-dessus du niveau de la Meurthe, avec ses hétraies ;
- Au nord, jusqu'au Mont d'Amance, le Grand Couronné de Nancy ;
- A l'est, sur des collines argileuses, séparant les bassins de l'Amezule et de la Roanne de celui de la Seille, avec les chénaies d'Amance et de Champenoux ;
- Au sud, au niveau du verrou de Richardménil, le massif de Flavigny, où dominent les chênes.
- Vue du plateau De Haye depuis Bouxières-aux-Dames:
HEYS ou HAYE:
Forêt royale, une des plus considérable du département, située entre Toul et Nancy, entre le cours de la Moselle et celui de la Meurthe, et aboutissant à peu de distance du confluent des deux rivières. Il en est parlé dans des titres fort anciens: le duc Simon Ier permit aux habitants de Dommartin de prendre du bois dans la forêt de Heis, en satisfaction d'un meurtre commis par les habitants de Gondreville, et pour lequel ces derniers avaient été interdits.
C'est dans les bois de Heys que le duc Ferri III fut enlevé et, de là, conduit prisonnier à Maxéville ; c'est là aussi qu'en 1293, il battit les bourgeois de Toul. Cette forêt, qui devait être autrefois très-considérable, fut donnée par le duc Mathieu, en 1225, à Odon, évêque de Toul. Voici la charte de donation:
"Nous, Mathieu, duc de Lorraine et marquis, savoir faisons à tous ceux qui ces présentes, que voulant mettre fin au différend que nous avions avec notre très révérend père Odo, par la grâce de Dieu, évêque de Toul, ainsi qu'avec son diocèse et l'église de Toul, touchant la forêt de Heys qui est devant Liverdun, de l'autre côté de la Moselle, laquelle forêt est abornée et limitée comme il suit: A savoir, depuis la borne près le vieux port de Pompey, jusqu'à celle qui est au pied du Lesta dudit Pompey, et de là jusqu'à celle de la Tromelle, et depuis celle-ci jusqu'à la borne qui est contre le chemin des Pèlerins de champigneule et près Liverdun, et de là jusqu'à celle qui est contre le chemin de St.-Barthélemy, et de celle-ci jusqu'à celle du champ Magis, puis jusqu'à celle qui est entre le val Ste.-Marie et le val de Serres, et depuis cette borne, en suivant la vallée basse jusqu'à la Moselle, et de là jusqu'à Liverdun ; De l'avis et consentement de notre frère Renauld, nous avons légitimement concédé et concédons en tous droits d'usage, perpétuellement et à titre d'aumône, pour le salut de notre âme et celui de nos prédécesseurs et successeurs, audit évêque et à ses successeurs ainsi qu'à l'église de Toul, ladite forêt de Heys, ensemble tous les droits que nous avons tant sur cette forêt et le cours de la Moselle, que sur les terres, prés, eaux, cours d'eau, hommages, rentes et dépendances du tout, ainsi qu'il se contient entre les susdites bornes ; Sauf tous droits de propriété de nos vassaux, en tant qu'ils en auraient eu entre lesdites bornes au temps que cette présente paix a été faite ; De laquelle donation nous avons publiquement et solennellement investi et fait investir par notre susdit frère Renauld, sur l'atelier du saint protomartyr Etienne, tant le susdit évêque et son diocèse, que l'église de Toul. En fois de quoi nous avons délivré les présentes au susdit évêque de Toul, et les avons corroborées par l'opposition de notre sceau. Fait l'an de l'Incarnation 1225, le sixième jours avant les ides d'août (8 août)." En 1467, pendant que Jean de Fénétrange, maréchal de Lorraine, était occupé au siège de Liverdun, que tenaient les Bourguignons, le bailli de Versigne, de la comté de Ferrette, vint à passer par les bois de Heys ; les Lorrains l'attaquèrent, et lui enlevèrent sa bannière "ouvrée richement" qui vint décorer Saint-Georges.
Explication du mot Hey :
Le mot Hey est constitué de Hé et de Y.
Je pense que Hey vient du caractère Hébreux Hé qui à le même hiéroglyphe égyptien et qui représente le souffle divin, le chiffre 5 et les 5 noms de pharaons. L'étude du relief de côte d'Hermès la parfaitement démontré.
Et le Y correspond au yod qui est l'image de l'énergie créatrice de l'univers. Il est le roseau, image du roi de Haute et Basse Egypte.
LE PLATEAU DE HAYE:
Un des impacts des hommes sur la forêt, qui remonte à l'époque protohistorique, nous est transmis par le célèbre Camp d'Affrique, l'oppidum des Leuques, qu'il importe de conserver dans son intégralité: à la fois le poste de guet et le camp du plateau, mais aussi les vieilles galeries d'extraction du minerai de fer du versant Ludres-Messein et les lieux de traitement du minerai qui donnent à ce site sa signification complète. Après cela, on parle surtout des grandes chasses en forêt des ducs de Lorraine et de la très utiles production de bois de feu du massif, pour le chauffage des habitants et pour les industries - la trilogie lorraine: sel, fer, verre. Au moment de la bataille de Nancy, en 1477, on évoque les dangers des loups et des brigands, qui hantaient la forêt et descendaient jusqu'aux portes de la ville. Pendant très longtemps, ce grand massif n'eut, en plus des grandes chasses à courre dont il nous reste les réseaux de routes en étoiles, que le rôle modeste de producteur de bois à brûler. Une première évolution se manifesta après le mariage en 1698 du duc Léopold (1679 - 1729) avec Elisabeth-Charlotte d'Orléans, nièce de Louis XIV, qui introduisit en Lorraine une certaine influence française. En 1701, Léopold signa un édit qui ordonnait: "la mise en réserve, dans chaque arpent à la mesure de Lorraine (20,86 ares) de douze baliveaux, de l'âge du taillis, des plus beaux brins naissants de chêne, hêtre, charme ou autres de la meilleure espèce, et par-dessus les arbres de vieille écorce, anciens et modernes des coupes précédentes, et arbres fruitiers." Cette décision fait logiquement suite à l'Ordonnance française de 1669, établie pour remettre en ordre les forêts dévastées par les abus d'exploitations (certaines forêts prestigieuses actuelles étaient devenues des landes, comme celle de Tronçais dans l'Allier). On peut rêver à l'âge qu'auraient ces baliveaux de Léopold à l'heure actuelle. S'ils avaient, en 1701, l'âge du taillis, c'est-à-dire une trentaine d'années, ils auraient maintenant plus de 300 ans. Ne cherchons pas. Ils ont tous disparus, même les chênes. En 1757, Stanislas et Chaumont de la Galaizière prirent un nouvel arrêté qui confirmait et précisait celui de Léopold en donnant la composition de la réserve par catégories: deux vieilles écorces, quatre anciens, quatre modernes, par arpent, outre et par dessus les baliveaux de l'âge du taillis. 1757 ! Cela ferait, actuellement, des arbres d'environ 250 ans ! C'est trop pour des hêtres, mais possible pour des chênes. Il y en a quelques très beaux encore, dans le massif de Haye. L'action de Léopold et de Stanislas visait à enrichir la réserve des taillis sous futaie, qui constituerait toute la forêt. On pensait à l'avenir: augmenter la production de gros bois d'oeuvre et réduire celle de bois de feu. On venait d'ailleurs de commencer à extraire la houille dans le bassin d'Anzin, dans le nord de la France, mais c'était un travail difficile et il n'y avait pas encore de moyen de transport approprié pour ce produit pondéreux. En 1824 - 1825 fut créée à Nancy l'Ecole royale forestière dont le premier directeur fut Bernard Lorentz. C'était un battant qui, sous l'Empire, avait visité les forêts allemandes, si différentes des nôtres, pour toutes sortes de raisons. C'était un partisan convaincu de la futaie(Voir futaie régulière et futaie irrégulière) Il entreprit vigoureusement la lutte pour que soit décidée la conversion en futaie des taillis-sous-futaie. En se promenant en forêt de Haye, Lorentz avait d'ailleurs sous les yeux les baliveaux de Léopold et de Stanislas qui, âgés de 150-100 ans, étaient en pleine vigueur et très fructifères. Avec eux on pouvait, avec certitude, réaliser la conversion, c'est-à-dire un ensemencement naturel des taillis-sous-futaie. Mais les utilisateurs de bois combustible ne considéraient ni comme imminent, ni comme fatal, le remplacement du bois par la houille, et Lorentz ne put obtenir gain de cause. On continua cependant à enrichir, au maximum, la réserve des taillis-sous-futaie. Cependant, en 1859, un décret impérial décida la conversion en futaie de la forêt domaniale de Haye. Autour du massif, les droits d'usage au bois des habitants, en particulier l'usage au bois de feu (affouage), étaient limités sur le terrain (cantonnement) et organisé dans le temps. C'est l'origine de bon nombre de forêts communales. On confia, en 1862, à l'Ecole impériale forestière: aux professeurs Nanquette, Bagneris, Henri Barre et à leurs élèves, la rédaction du document (appelé aménagement) qui définissait et organisait cette conversion. La nature, parfois bienveillante et généreuse, fit cadeau aux forestiers de 1859 d'une somptueuse fructification des hêtres (faînée). C'étaient les enfants des baliveaux de Stanislas (et peut-être de Léopold). On peut les voir actuellement dans une grande partie du massif: de Remenaumont à la croix Gérard-Margot et au Noirval. 1859 ! Ces peuplements magnifiques ont maintenant plus de 130 ans et une partie d'entre eux est en cours de régénération.
L'AVENIR DE LA FORET DE HAYE :
L'urbanisation, "cette mer sans rivage", s'est développée, comme partout, dans la région de Nancy qui doit faire face à des besoins en zones d'habitation, en hôpitaux, en équipements publics et sportifs, etc... avec tout ce que cela implique en matière de voies de communication.
Vers l'est, la marée urbaine a débordé Tomblaine, Saulxures, Pulnoy et même Seichamps. Au pied du versant sud du Grand Couronné s'alignent les maisons nouvelles. Le Mont d'Amance change de visage. Les villages du bassin de la Roanne changent d'aspect. Mais il y a des points sensibles, et à défendre: par exemple les bois qui entourent la très belle chartreuse de Bosserville.
Vers le sud-est, même extension de l'urbanisation au-delà de Varangéville, de Dombasle-sur-Meurthe, de Rosières-aux-Salines, et même évolution des villages du Vermois. Respectera-t-elle des petits massifs forestiers comme ceux de Rosières-aux-Salines, vestiges d'un ensemble plus vaste qui, par Varangéville, s'étendait jusqu'au nord de Jarville ? C'est par là que s'infiltrèrent les troupes de René II, en 1477.
Vers l'ouest, l'urbanisation escalade le plateau de Haye: au Champ-le-Boeuf, à Clairlieu, à Brabois, à Ludres.
Combinées, la route nationale 4 et l'autoroute A33 ouvrent une large brèche dans le massif et le coupent en deux parties reliées seulement par le lien puéril du pont de la Crédence. La coupure par la route départementale 974, de Nancy à Neuves-Maisons, n'est pas négligeable non plus. Des sites sont à protéger absolument: le vallon de Champigneulles, les friches d'Houdemont et de Ludres, le Camp d'Affriques.
Une effort d'urbanisme est cependant réalisé. Tout cela reste à soutenir, à contrôler et à améliorer, mais la ligne de conduite est tracée.
Lundi 1er Septembre 1997, ouverture d’un échangeur du côté de la future “ section courante ” vers Velaine-en-Haye a été ouvert voilà plus d’une semaine. Le second le sera Lundi à 9h.
L’opération vise une meilleure fluidité d’un trafic estimé aux alentours de 6000 véhicules par jour. La route, longeant la quatre voie sera sans doute ouverte fin octobre, elle pourra, enfin, accueillir les deux roues. Avec un accès sur la ZAC Saint-Jacques avant de rattraper Nancy. Supervisée par la DDE, ces travaux à l’ouest de l’agglomération, entre Nancy et Toul, plus précisément entre le croisement autoroutier A31-A33-RN4 doivent permettre à terme d’assurer la sécurité des usagers, grâce à une voie de substitution le long de l’autoroute A31, sur une longueur de 5,3 km.
Les villes de la caisse de la Lyre :
MARON (MARONUM)
Village considérable de l’ancien duché de Lorraine, sur la rive droite de la Moselle, chemin de grande communication n° 10 deFlavigny à Maron, à 15 kilom. S.-O . de Nancy (Nord), chef-lieu du canton et de l’arrond. Pop. : 711 hab., 71 élect. cens., 12 cons. mun., 198 feux. Nombres d’enfants : 134 en hiver, 95 en été. Sœur de la Doctrine Chrétienne. Surf. Territ. : 1875 hect. ; 4 en terres lab., 29 en prés, 88 en vignes, 323 en bois. Moulin à grains. Lettres par Pont-St.-Vincent.
Anc. pop. : 1710, 70 hab., 39 gar. ; 1802, 760 hab. ; 1822, 720 hab., feux. – Anc. div. : 1594 et 1710, fief, prév. et bail. de Nancy ; 1751, bail. , maît. et gén. de Nancy, cout. de Lorraine ; 1790, canton de Pont-St.-Vincent, dist. de Nancy. – Spir. : Doy. du Port, dio. de Toul ; 1778, év. de Nancy.
Le village de Maron, qui dépendait du comté de Chaligny, remonte à une époque assez éloignée : en 1379, les habitants de ce lieu se mirent sous la sauve-garde du duc de Lorraine, à charge de lui payer annuellement 2 sols par ménage. En 1448, Pierre de Beaufremont déchargea Philippe de Lenoncourt de ce qu’il avait perçu et exigé des terres de Ruppes, Maron et Messein, qui lui avaient été données par René Ier, et confisquées par ce duc pour avoir fabriqué de la fausse monnaie dans son château de Ruppes. Maron fut érigé en cure en 1677 ; il était, auparavant, annexe de Chaligny.
VILLEY-LE-SEC (VIDELIACUS ARIDUS, VILLERS, ou VILIEZ-LE-SEC)
Village de l’ancien duché de Lorraine, à droite de la Moselle, à 20 kilom. O. de Nancy, 7 E. de Toul (Sud), chef-lieu du canton et de l’arrond. Pop. : 425 hab., 43 élect. cens., 10 cons. mun., 114 feux. Nombre d’enfants : 80 en hiver, 20 en été. Surf. Territ. : 350 hect. En terres lab., 40 en prés, 80 en vignes, 40 en bois. L’hectare semé en blé et seigle peut rapporter 6 hectol., en orge 8, en avoine 10 ; planté en vignes 30. Moutons, vaches et porcs. Lettres par Toul.
Anc. pop. : 1710, 45 hab., 24 gar. ; 1802, 354 hab. ; 1822, 364 hab., 86 feux. – Anc. div. : 1594 et 1710, prév. de Gondreville, bail. de Nancy ; 1751, bail., maît. et gén. de Nancy, cout. de Lorraine ; 1790, canton de Fontenoy, dist. de Toul. – Spir. : Ann. de Dommartin, doy. et dio. de Toul.
Villey-le-Sec, qui faisait anciennement partie du domaine de Toul, fut donné au chapitre de la cathédrale de cette ville, par l’évêque Ludelme, en 898. C’est probablement de ce même village qu’il est fait mention, sous le nom Vichilicus, dans une charte de l’évêque Frotaire, de 836. Il y avait autrefois un château. Il existait un droit de haut conduit sur les chars et charettes chargés de marchandises et passant par Villey-le-Sec ; le char payait 8 deniers, la charrette 4, le cheval ou jument 2, la bête à pied fendu 1.
FONTENOY (FONTINIACUM, FONTENETUM, FONTENOY-SUR-MOSELLE, FONTENOY-EN-HAYE, FONTENOY-LES-TOUL)
Petit village de l’ancien duché de Lorraine ; sur la rive droite de la Moselle, à 18 kilom. O. de Nancy, 10 N.-E. de Toul (Nord), chef-lieu du canton et de l’arrond. Annexe de Gondreville. Pop. : 248 hab., 25 élect. cens., 10 cons. mun., 57 feux. Nombre d’enfants : 55 en hiver, 25 en été. Surf. Territ. : 544 hect. ; 346 en terres lab., 33 en prés, 17 en vignes, 100 en bois. Un moulin à grains et un à écorces. Lettres par Toul. Le canal de la Marne au Rhin passe sur le territoire de cette commune.
Anc. pop. : 1710, 23 hab., 4 gar. ; 1802, 187 hab., 52 feux ; 1822, 204 hab., 56 feux. – Anc. div. : 1594, prév. de Gondreville, bail. de Nancy ; 1751, bail., maît. et gén. de Nancy, cout. de Lorraine ; 1790, chef-lieu de canton, dist. de Toul. – Spir. : Doy. et dio. de Toul.
Ce village est très ancien : Bertholde, évêque de Toul, qui a siégé depuis 995 jusque vers 1020, acquit la terre de Fontenoy de la comtesse Eve, dame fondatrice du prieuré de Lay. Bertholde donna Fontenoy au chapitre de sa cathédrale. Le bienheureux Jean de Gorze, natif de Vandières, qui mourut au Xe siècle, fut administrateur de la cure de Fontenoy.
Cette terre fut érigée en comté, le 10 avril1625, par Charles IV et la duchesse Nicole, en faveur du baron d’Igney ; Champigneules y fut uni, le 9 mars 1719, et en fut depuis détaché. Fontenoy appartint ensuite à M. de Viarmes, puis à François-Christophe le Prud’homme, conseiller d’état, lieutenant des gardes, chambellan et premier maître d’Hôtel de Léopold, qui le substitua, de mâle en mâle, à l’aîné de sa maison.
On voit, dans ce village, les ruines d’un château assez vaste, fortifié de murailles et de tours, dont une seule est encore debout. Selon la tradition, les habitants étaient tenus d’aller battres l’eau, pendant la nuit, pour empêcher le coassement des grenouilles. Le château a été démoli il y a à peu près vingt ans.
L’église, composée de deux parties qui remontent à des époques différentes, renferme quelques vitraux coloriés qui sont dans un bel état de conservation. Plusieurs pierres et débris de tombes couvrent la chapelle castrale, sépultures des comtes de Fontenoy. Il y a, sur une partie du territoire de cette commune, des restes de constructions que des plantations recouvrent, et qui proviennent, dit-on, d’un ancien couvent.
AINGERAY (ANGERIACUS, EINGEREY, AINGEREY)
Village de l’ancien duché de Lorraine, sur la rive droite de la Moselle, à 16 kilom. N.-O.-O. de Nancy, 12 N.-.N.-E. de Toul (Nord), chef-lieu de l’arrond. et du canton. Pop. : 440 hab., 44 élect. cens., 10 cons. mun., 124 feux. Nombre d’enfants : 70 en hiver, 20 en été. Surf. Territ. : 665 hect. En terres lab., 73 en prés, 27 en vignes, 240 en bois. Un hectare semé en blé peut rapporter 12 hectolitres 50 litres, en orge 12, en seigle 10, en avoine 15. On y élève principalement des chevaux. Lettres par Toul.
Anc. pop. : 1710, 51 hab., 5 gar. ; 1802, 367 hab., 106 feux ; 1822, 399 hab., 106 feux. – Anc. – div. : 1594, prév. de Gondreville, bail. de Nancy ; 1751, bail., gén. et maît. de cette ville, cout. et cour souv. de Lorraine ; 1790, canton de Fontenoy, dist. de Toul. – Spir. : Ann. de Sexey-aux-Bois, dio. de Toul.
La terre d’Aingeray, dont dépendait Molzey (Molisiacus), fut donnée par Pépin à Bornon, 26è évêque de Toul (794), engagée ensuite aux comtes de Chaumontois, puis retirée par saint Gérard, qui la donna aux religieux de Saint-Mansuy.
Selon Bugnon, ce village fut formé de la réunion de plusieurs hameaux : Rue du Peron, Hautchonin, Risbourg, la Chalade, etc. Chaque laboureur était soumis à une redevance annuelle de 2 muids d’avoine ; les autres habitants à celle d’un muid.
Le château et le village de Molzey ont disparu ; ce dernier, à une époque peu reculée, car il figure dans le dénombrement de 1710, où il est appelé Malzey, ainsi que dans la carte de Cassini. Une autre carte manuscrite, dressée vers 1740, et que possède M. l’abbé Marchal, en donne encore le plan, et le nomme Marley.
On trouve, entre Aingeray et Sexey, les ruines d’un camp fortifié de murailles et de tours, qui embrassait une étendue assez considérable ; les médailles qu’on y a découvertes autrefois font présumer, dit le P. Benoît Picard, que c’était un ouvrage Gaulois ou des Romains. L’église est ancienne, mais toute défigurée par de modernes restaurations.
LIVERDUN
Bourg de l’ancien évêché de Toul, sur une côte escarpée que baigne la Moselle, à 16 kilom. N.-N.-O. de Nancy, 20 N.-E. de Toul, chef-lieu de l’arrond., 13 S.-E. de Domèvre-en-Heys, chef-lieu du canton. Pop. : 1065 hab., 105 élect. cens., 12 cons. mun., 256 feux. Nombres d’enfants : 195 en hiver, 62 en été. Sœur de la Doctrine-Chrétienne. Bureau de charité. Surf. Territ. : 2556 hect. ; 545 en terres lab., 72 en prés, 131 en vignes, 890 en bois. Moulin à grains. Pierres de taille de bonne qualité. Ecart : une maison de maître récemment construite sur le bord de la Moselle. Lettres par Nancy.
Anc. pop. : 1802, 925 hab., 280 feux ; 182, 908 hab., 250 feux. Anc. div. : 1756, chef-lieu d’une prévôté, juridiction, subdélégation et gén. de toul ; 1790, canton d’Avrainville, dist. de Toul. – Spir. : Doy. de Dieulouard, dio. de Toul.
Liverdun, situé sur une montagne à pic dont la Moselle baigne les pieds, et qu’entoure presque entièrement un épais rideau de forêts ; Liverdun, avec ses murs noircis par le temps, ses fragments de tours qui semblent prêts à rouler dans la vallée, offre un des sites les plus pittoresque du département, autant par sa situation riante et agreste, que par la physionomie tout à fait moyen-âge qu’il a conservée. Cette bourgade était autrefois une position importante : aussi les Romains, après eux les Franks, puis les évêques de Toul la fortifièrent-ils avec soin : ces derniers en firent le chef-lieu d’une de leur prévôtés et châtellenies. Cette prévôté fut réunie au bailliage de Toul en 1643. Le bourg, ou plutôt la ville, car c’est ainsi que Liverdun fut qualifié par déclaration de Louis XIII, en 1636, était bâti plus bas que le château ; celui-ci, du lieu qu’il occupait d’abord, et qui n’est pas encore déterminé, fut transféré sur le plus escarpé du rocher, à l’endroit où l’on en voit maintenant les ruines.
Quoique l’on ne sache pas la date précise de l’origine de Liverdun, il est certain que ce bourg remonte à une époque très éloignée. Il existait, sans aucun doute, du temps des Romains qui l’avaient fortifié pour défendre le passage de la Moselle. La découverte de monnaies romaines et d’un petit buste de Minerve ne laissent nulle incertitude à cet égard. On voyait autrefois, dit M. Beaulieu, au-dessous de Liverdun, un pont en pierre qui joignait les deux rives de la Moselle, et que l’on croit généralement avoir été construit au moyen-âge, sur les fondations d’un pont romain. A peu de distance de cet édifice, et dans un ravin de la forêt qui borde la rive droite de la rivière, on a trouvé des vestiges de forges ou fonderies.
Dès l’an 362, le nom de Liverdun devint populaire, et se rattacha à l’établissement du christianisme dans nos contrées. Saint Eucaire, martyrisé près de Pompey par les ordres de l’empereur Julien, porta lui-même, dit la légende, son chef à Liverdun, où il fut inhumé, et dont il devint plus tard le patron.
On voit encore aujourd’hui, dans l’église de ce bourg, mais entièrement caché par l’escalier qui conduit aux orgues, le tombeau de saint Eucaire : le saint, coiffé de la mître et revêtu des habits épiscopaux, ce qui semble confirmer l’opinion de ceux qui l’ont fait évêque de Gran, est couché sur une pierre au-dessus de laquelle on lit l’inscription suivante en lettres gothiques assez bien conservée :
L’Ami de Dieu, et vrai martyr Eucaire,
Jadis de Gran évêque débonnaire,
Noble du sang de Baccil réal,
L’an de salut trois cent soixante-deux égal,
Par Julien, jadis empereur des Romains,
Dit l’Apostat, pour ses faits inhumains,
Fit mettre à mort par Vandres et par payens,
Vingt-deux cents chevaliers chrétiens,
Près de Pompein, au lieu qu’on dit Aux-tombes ;
Des dessusdits le benoit S. Eucaire
Etait guidon, miroir exemplaire.
Par grâce de Dieu son chief il apporta
A Liverdun, comme sa vie le témoigne.
Duquel le corps las quelq… aultre…
Jesus nous doint en paradis la place.
On lit au-dessus du tombeau, mais en caractères plus modernes, cette ligne : Omne quod excellens opus et sublime futurum é (est).
Dagobert, devenu roi d’Austrasie par la cession que lui en avait faite Clotaire II, augmenta considérablement les biens de l’église de Toul : il accorda à l’évêque Teudefrid les château de Vicherey et de Void, la forteresse de Liverdun, la maison de Royalmeix, le bourg de Blénod, et un grand nombre de villages et de terres qui formèrent depuis le domaine de l’évêché et celui du chapitre de la Cathédrale.
Le roi Arnould renouvela à l’évêque Arnald le privilège de Dagobert, par lequel il était défendu à qui que ce fût de construire ni forteresse, ni château, dans l’étendue des quatre lieues qui formaient le ban royal de Toul, à l’exception de la forteresse de Liverdun, qui était le boulevard de cette cité, et un lieu de paix, qui avait résisté au siège et à la fureur des Vandales, et où étaient honoré le saint martyr Eucaire.
Ce titre établit l’ancienneté de Liverdun ; il est aussi une preuve de l’importance dont jouissait déjà cette ville lors de l’invasion des Barbares dans le pays des Leukes.
Il paraît que cette forteresse, ruinée en partie durant les guerres qui désolèrent la Lorraine sous le règne des prédécesseurs de Mathieu Ier, avait été presque abandonnée par les évêques de Toul et servait de refuge aux bandits de la province et aux proscrits de l’évêché de Verdun. Pierre de Brixey, qui avait succédé, en 1167, à Henri de Lorraine sur le trône épiscopal de Toul, sentant de quelle importance était pour lui la forteresse de Liverdun, résolu de la rétablir. Mais ne trouvant pas la situation du château tout-à-fait convenable, il le rétablit plus loin, fit creuser un puits dans la ville et y fonda (1188), en l’honneur de Saint Eucaire, une collégiale qu’il composa d’un prévôt, d’un doyen et de quatre prébendes, et à laquelle il accorda de nombreux privilèges. Cette fondation fut confirmée par le pape Luce III, à la demande des chanoines. Dans les titres d’établissement de la collégiale de Liverdun, ce bourg y est appelé antiquissinum castrum.
Pierre de Brixey, qui avait obtenu, en 1168, de l’Empereur Frédéric Barberousse, le droit de frapper monnaie à Liverdun, donna, en 1178, aux habitants de ce lieu, qu’il appelle un délectable séjour, une charte d’affranchissement. Ce document, précieux en ce qu’il est antérieur à la loi de Beaumont, a été trouvé dans les Archives de Mme de Nonancourt de Volkrange et récemment publié par la Revue d’Austrasie. Ce fut probablement dans le sac de Liverdun, en 1467, qu’un sire de Volkrange s’empara de ce titre, qui était enfermé, avec plusieurs autres, dans un coffret en chêne. La charte, en latin, est traduite en français dans la Revue à laquelle nous l’empruntons ; on y remarque les passages suivants :
« Pierre, par la grâce de Dieu, humble évêque des Leuks, à tous tant présents que à venir, vivant dévotement en Jésus-Christ, savoir fesons que ce privilège en témoignage de vérité et pour confondre à tout jamais l’astuce des faussaires, afin que, dans la suite des temps, la liberté et les droits octroyés par nous Pierre, évêque de Toul, à la ville de Liverdun, ne s’éteigne point dans les ténèbres de l’oubli, et que nonobstant les menées tortueuses des méchants, ils demeurent à l’avenir fermement établis. Comme l’antique et noble château de Liverdun, depuis de longues années détruit et ruiné de fond en comble, se trouvait réduit à une pauvre villette, et que nous aspirions à sa reconstruction, favorisés par la conjoncture des temps, nous avons enfin, à la gloire de Dieu et du saint protomartyr Etienne, et pour le plus grand accroissement de la splendeur et de la sûreté de tout le diocèse, réédifié et rebâti le susdit château de nos propres deniers et avec un art merveilleux, et c’est ainsi que s’est réalisé notre long désir. Afin donc que ce délectable séjour s’accrût et s’augmentât de jour en jour par l’abondance de toutes choses et le nombre de ses habitants, nous avons donné et concédé à ceux-ci, tant présents que à venir, cette constitution que nous avons corroborée par le présent écrit et par le serment de nos hommes, tant clercs que chevaliers. En conséquence, nous voulons et ordonnons, de l’avis des prud’hommes, que cette liberté et ces droits soient ainsi réglés : Chaque maison payera annuellement douze deniers toulois – Les manans du château feront leurs jours bannaux dûs et exigibles, en champs, prés et vannes. – Nul chevalier, serviteur ou vilain, ne pourra enlever de force un objet donné en gage à quelqu’un ; mais le détenteur du gage devra le garder quarante jours, et ce terme passé, il pourra en disposer à sa volonté. – Celui qui aura frappé quelqu’un, payera cinq sols. – Celui qui aura versé le sang, donnera quinze sols. Celui qui aura mutilé quelqu’un d’un membre, donnera cinquante sols, et celui qui aura commis un meurtre, payera cent sols. – Celui qui aura été vaincu en duel, donnera cent sols et une obole, et si c’est un duel pour cause de félonie, le corps du vaincu et tous ses biens seront au pouvoir et à la merci de l’évêque. – Si les murs du château ont besoin de réparations, elles seront faites par la commune, qui gardera bien et fidèlement le château. Les évêques de Toul seront maîtres du pont qui est sous le château, et ne le donneront en fief à nul chevalier ou autre que ce soit. Nous voulons aussi, pour le salut de notre âme et celui de tous les évêques de Toul et de quiconque aura volontairement contribué à la reconstruction du pont et du château, que les pèlerins passant sur le pont soient exempts du péage. – Il sera permis à chacun de soutenir et d’aider son ami et son voisin dans son bon droit. »
Les habitants de Liverdun obtinrent encore, à différentes époques, de nouvelles franchises des évêques de Toul : Mathieu de Lorraine, en 1202, et Thomas de Bourlémont, en 1337, augmentèrent les privilèges que leur avait accordés Pierre de Brixey. Ces deux chartes ont également été publiées dans la Revue d’Austrasie.
Roger de Marcey, 50è évêque de Toul, qui mourut à Liverdun en 1252, reçut sa sépulture dans l’église de cette ville. Gilles de Sorcy établit un marché à Liverdun en novembre 1224, et ce prélat fit faire une châsse précieuse où il enferma les reliques de saint Eucaire. La translation de ces restes vénérés eut lieu en présence de ce qu’il y avait de plus distingué dans le diocèse : le duc de Lorraine, Ferri III, et Marguerite de Navarre, son épouse, y assistèrent en grande pompe, avec toute la noblesse du pays. Cette cérémonie se fit le 27 du mois d’avril 1261. Mais, en 1587, l’armée protestante étant entrée dans Liverdun, des soldats s’emparèrent du superbe reliquaire qui couvrait les os du bienheureux martyr, arrachèrent les plaques d’argent qui le couvraient, et le brûlèrent ensuite avec ce qui y était renfermé.
Durant l’espèce d’interrègne qui sépara les deux épiscopats de Gilles de Sorcy et de Conrad Probus, les partisans de Gauthier de Beaufremont, qui était son compétiteur, concurremment avec Jean de Lorraine, armèrent leurs vassaux et s’emparèrent des forteresses de Liverdun, de Brixey et de Maizières ; mais le duc de Lorraine marcha bientôt contre eux et leur reprit les forteresses de l’évêché. Conrad Probus, étant en guerre avec les bourgeois de Toul, fut obligé de se retirer dans sa forteresse de Liverdun. Sous l’évêque Thomas de Bourlémont (1330-1353), Isabelle d’Autriche, régente de Lorraine, s’était emparée du château de Liverdun et l’avait ruiner pour se venger des ravages que les troupes de l’évêque de Toul avaient faits en Lorraine. Quelque temps après, Thomas de Bourlémont fit, avec Henri IV, comte de Bar, un traité par lequel il lui cédait cette forteresse, à charge d’en réparer les fortifications. Le comte y fit aussitôt entrer des troupes, qui y travaillèrent avec tant de diligence, qu’au bout de six semaines la place se trouva en état de défense, et dès lors la garnison barisienne se mit à faire des courses sur les terres de Lorraine. Le duc Raoul, devenu majeur, entra en guerre avec le même Henri, comte de Bar. Il fit parler à l’évêque, le menaça, l’intimida et l’obligea à renoncer au traité qu’il avait fait avec le comte et à en passer un autre avec lui. L’évêque fit sortir par stratagème les troupes barisiennes qui étaient dans Liverdun et y fit entrer celles de Raoul ; mais ces dernières n’y demeurèrent pas longtemps. L’évêque traita une seconde fois avec le comte de Bar et introduisit les soldats de ce prince dans Liverdun, après en avoir tiré les Lorrains par artifice. Ces variations continuelles du prélat déplurent même à Henri, qui s’accommoda avec le duc de Lorraine et demanda à l’évêque la restitution des frais de la guerre qu’il avait suscitée entre lui et Raoul, et Thomas de Bourlémont fut obligé de payer six mille livres au comte.
Ce même évêque accorda au monnoyeur Chaudrin le droit de frapper toutes sortes de monnaies blanches à son coin, à Liverdun, et même au coin des seigneurs et des évêques étrangers, lui défendant seulement de contrefaire celles du roi de France et du duc de Lorraine. Thomas de Bourlémont fit construire la tour de Liverdun. Henri de Ville-sur-Illon, évêque de Toul (1409-1436), fit réparer la forteresse de liverdun, que le temps avait en partie détruite, et la mit en tel état qu’on la tenait pour imprenable. Ce prélat mourut dans cette ville, le 12 mars 1436, et fut inhumé dans l’église, près du grand autel, entre la chapelle saint Pierre et le tombeau de sainte Aphronime. Louis d’Haraucourt, aussi évêque de Toul (1437), fortifia, à grands frais, le château de liverdun, dont il restaura la maison épiscopale, à laquelle il ajouta de nouveaux ouvrages.
Guillaume de Filastre (1451), ayant voulu réduire les bourgeois de Toul, que n’avait pu dompter son prédécesseur, fut obligé de chercher un asile dans le château de Liverdun, où il transféra son officialité, obligeant, par les censures, les officiers de ce tribunal d’y faire leur demeure. Il bâtit à Liverdun un lieu propre à garder les chartes de la manse épiscopale.
Les Etats assemblés à Nancy ayant refusé de reconnaître l’élection d’Antoine de Neufchâtel, jeune prince âgé de douze ans, et qui montrait une vocation très équivoque pour l’épiscopat, il s’en suivit des hostilités. Thiébaut de Naufchâtel, père du jeune prélat, entra dans Liverdun, dont son fils lui avait ouvert les portes, et y mit une garnison bourguignonne qui fit des courses dans les environs et prit le château de Condé. Le conseil de Lorraine envoya contre lui le maréchal de Fénétrange. Celui-ci amassa du monde, prépara de l’artillerie, fit fortifier la ville et le château de Frouard, puis vint faire le siège de Liverdun. Le château était bien fortifié, muni de toutes sortes de provisions et pourvu de tout ce qui était nécessaire pour une longue et vigoureuse résistance. Il était défendu par Rolin de Castres, châtelain de Châtel. Mais, malgré la défense des assiégeants, la ville fut emportée après six semaines, le 16 septembre 1467. La garnison, forte de 400 hommes, demeura prisonnière de guerre et fut envoyée à Nancy ; les habitants furent chassés de leur ville, leurs murailles détruites et le château rasé. Liverdun, devenu ville champêtre, comme dit la chronique, fut abandonnée au pillage, et les soldats y mirent le feu, qui gagna bientôt les archives de l’évêché ; le maréchal arriva trop tard pour arrêter l’incendie et ne put sauver qu’un tiers des papiers, qu’il fit porter dans l’église de St-.-Georges, à Nancy. Philippe de Vigneules rapporte qu’en 1482, il se donna, au Champ-à-Seille, près Metz, un terrible combat entre un soudoyeur de cette ville et un Liverdunois : malgré leur courage et leur adresse, les champions se retirèrent sans que l’un d’eux eût pu être désarmé.
Le château de Liverdun ne fut pas rétabli depuis sa ruine par le maréchal de Fénétrange. Le rois Louis XIII avait ordonné qu’on fortifia ce lieu, mais on n’a ni achevé ni entretenus ses fortifications.
Pendant les guerres qui désolèrent l’Europe sous les règnes de François Ier et de Charles-Quint, Hector d’Ailly, évêque de Toul (1525-1552), mit la forteresse de Liverdun entre les mains du duc Antoine, afin d’empêcher que les troupes de France ne s’en amparassent, et Philbert d’Haraucourt en fut nommé gouverneur. En 1635, Louis XIII étant venu à Liverdun pour y passer la Moselle, car il n’y avait pas alors de pont à Frouard, il y signa, avec les plénipotentiaires de Charles IV, le 26 juin un traité que le duc rompit presque aussitôt. Lorsque, après le trait des Pyrénées, ce prince eût été remis en possession de ses états, la chevalerie lorraine réclama les privilèges dont elle avait été dépouillée. Afin de délibérer plus librement, les chevaliers s’assemblèrent à Liverdun, ville indépendante de la Lorraine, et créèrent des syndics et des promoteurs pour agir au nom de tous. Enfin, en 1703, le dernier coup fut porté à la puissance de Liverdun. Son chapitre était toujours demeuré très faible, et les évêques de Toul, en vertu des ordonnances du concile de Trente, avaient jugé à propos de le supprimer et d’en unir les revenus à leur séminaire de Toul. Le parlement de Metz, par différents arrêts, confirma la suppression de cette église collégiale. Les chanoines se pourvurent au conseil du roi, qui, par arrêt du 15 octobre 1738, cassa les arrêts du parlement de Metz ; mais M. de Bissy, évêque de Toul, eut le crédit de faire confirmer la suppression du dit chapitre et de le réunir à son séminaire. Cette suppression donna lieu à des réclamations nombreuses de la part des chanoines, et à des plaintes violentes contre l’évêque, qu’ils accusèrent de différents méfaits, et lui imputèrent, notamment, d’entretenir des concubines. M. Noël possède, dans sa riche collection, les mémoires volumineux rédigés à cet effet, et présentés au roi. On y lit, entre autres choses, un passage où il est dit que Pierre de Brixey n’a pas été le fondateur, mais seulement le bienfaiteur du chapitre, qui existait antérieurement à son épiscopat. On ne connait pas les réponses qui furent faites par l’évêque.
Tel est le dernier événement qui se rattache à l’histoire de Liverdun. Mais cette ville, quoiqu’ayant perdu son importance, n’en est pas moins restée une des plus curieuses et des plus fréquentées de notre département, surtout depuis l’exécution des travaux du canal de la Marne au Rhin.
Parmi beaucoup de maisons dont le style architectural est du XVe siècle, on remarque celle qui a conservé le nom de Maison du gouvernement ; elle est située près de la porte d’en haut, à droite, en entrant dans Liverdun. A gauche de cette même porte, est une tour en ruines ; c’était là, dit-on, que s’élevait le château fort ; il y avait un puits qui n’a été comblé que depuis quelques années. Les deux portes sont encore debout : elles portaient, comme écusson, un filet et un fusil, pour indiquer que la ville jouissait du double droit de chasse et de pêche, ces emblèmes existaient également sur le sceau de la ville. L’église, dont la construction remonte au XIIIe siècle, a été entièrement défigurée : on y voit, cependant, quelques objets curieux : le tombeau de saint Eucaire, dont nous avons déjà parlé ; les stalles du chœur, et, dans la sacristie, un morceau de sculpture extrêmement remarquable, et généralement inconnu, qui semble remonter à l’époque de la Renaissance. Il est à désirer que ce monument artisitque soit tiré de la poussière où il gît ignoré pour avoir décorer un pan des murs de l’église.
La maison de cure, dont le portail, bas et massif, est surchargé d’enjolivure, renferme quelques médaillons en plâtre, du règne de Louis XV. On y voyait autrefois plusieurs fauteuils qu’on disait avoir appartenu au roi de Pologne. Le cimetière était anciennement dans le jardin qui avoisine l’église : nous y avons trouvé une pierre tumulaire chargée d’une inscription en lettres gothiques, en partie mutilée et où on lit assez distinctement le mot prevost et le millésime 1400.
M. Bataille, dans sa Notice sur Toul, raconte qu’une personne, faisant déblayer des ruines à Liverdun, pour la construction de sa maison de campagne, trouva un passage enfoui sous des débris dont le luxe et le style attestaient la richesse et la puissance des anciens propriétaires de cette demeure féodale, et découvrit , dans un caveau dont la grille était oxidée par le temps, trois squelettes assis, la tête supportée par un collier en fer et les reins serrés par des chaînes attachées à la muraille. Sur un des blocs de pierre servant d’escabeau à ces malheureux, on voyait gravés ces mots : Intravi in cast. liber. dun. quat. cal. janu. 1171. On prétend que ces squelettes étaient ceux d’un des fils du duc Mathieu et de ses écuyers, qui disparurent durant les guerres de ce prince contre la ville de Toul.
En montant à Liverdun, on rencontre, à droite, une chapelle dédiée à Notre-Dame-du-Bel-Amour ; elle avait été érigée en titre par M. du Saussay, évêque de Toul. Plus haut, au-dessus de Liverdun, sur le chemin de Saizerais, est une grande croix de pierre, portant un bas-relief informe, qui représente, d’un côté, un homme à cheval semblant porter sa tête sur sa poitrine, et de l’autre, Jésus-Christ entre les deux larrons ; à cette croix est, autant qu’il nous a été possible de le distinguer, le millésime 1289 ; on l’apelle croix de St.-Eucaire.
Au pied du bourg, près du nouveau pont établi sur le chemin de Pompey à Liverdun, est encore une autre croix en pierre, chargée de plusieurs millésimes ; elle n’offre rien d’intéressant. Dans le cimetière, situé un peu plus loin, sur la même route, est une loge en maçonnerie servant d’ossuaire : on y voit deux informes statues en pierre, qui paraissent anciennes, et un buste en bois représentant un personnage coiffé de la mître et revêtu des habits épiscopaux.
En remontant la Moselle, on fait remarquer plusieurs endroits auxquels se rattachent d’anciennes légendes : le Trou-des-Fées, excavation naturelle ; la colline du Saut-du-Cerf ; et le vallon dit Vaux-de-M’selle (Moselle) ; on prétend qu’il existait, dans ce lieu, un village nommé Sohet ; il y a encore un puits creusé au-dessus du vallon. De Liverdun dépendait autrefois un ermitage sous l’invocation de St.-Nicolas, appartenant au commandeur Templier de Libdeau. Enfin, on a découvert récemment, dans la forêt de Natrou, ban de Liverdun, une vaste enceinte de murailles entourées de fossés, et embrassant une étendue de 100 mètres. Dans l’intérieur et presque vis-à-vis une ouverture pratiquée dans ce mur, sont des ruines qui proviennent, sans doute, d’anciennes habitations, et qui ont encore 2 et 3 mètres de hauteur au-dessus du sol.
Ainsi que nous l’avons dit, les évêques de Toul firent frapper monnaie à Liverdun ; on en connaît de trois types : deux de ces pièces, retrouvées à Charmes en 1838, et éditées par le savant M. Rollin, sont attribuées à Pierre de Brixey ; l’une a au recto une porte à herse de forteresse, avec la légende Petrus, et au verso un poisson placé entre les deux syllabes, lib-dun (Liberdunum) ; l’autre pièce, qui aura sans doute suivi ou accompagné la reconstruction du château, et qui a eu peut-être pour usage principal le paiement de la journée des ouvriers, représente, au droit, l’évêque Pierre, tête découverte, tonsurée et papillotée, ornée des parures pontificales, et particulièrement du super-bémural affecté au siège de Toul. Les mains, ceintes d’une draperie, élèvent ensemble deux longues clés. Petrus forme la légende. Au revers, paraît un château fort élevé, avec la légende novi-castri. (Mémoire sur quelques monnaies lorraines inédites des XIe et XIIe siècles.) Un autre type, que l’on rencontre dans les cabinets des curieux, porte bien distinctement au revers le mot Liverdun, mais le droit, peu lisible, ne permet pas d’indiquer à quel évêque il appartient.
Un autre intérêt que celui des souvenirs historiques se rattache encore au bourg de Liverdun.
Nulle part les travaux du canal de la Marne au Rhin n’ont pris un développement plus considérable que sur le territoire de cette commune, déjà si remarquable par la disposition pittoresque de ses côtes et par les charmes du paysage qui se déroule aux yeux du spectateur du haut de ses vieilles murailles. Il semble que nos ingénieurs se soient plus à embellir encore ce faubourg de Nancy et à donner un nouvel attrait aux curieux qui ne cessent de visiter ses beaux sites et les bois qui les environnent.
D’après le projet de M. Brisson, le canal devait traverser la Moselle dans le voisinage d’Aingerey ; mais des considérations qui se rattachent à la défense du territoire, ont fait changer le tracé et maintenir le canal sur la rive gauche de la Moselle, en l’attachant aux flancs découpés des roches du calcaire oolithique, qui resserrent cette partie de la vallée sur une longueur de 5 kilomètres en amont de Liverdun. Il a fallu passer sous cette ancienne place par une galerie souterraine percée à plus de cinquante mètres au-dessous du village et arriver à cette galerie, de deux côtés, par des tranchées d’une profondeur effrayante, dont les talus présentent jusqu’à 40 mètres d’escarpement.
Indépendamment de ce souterrain et de l’admirable pont-canal qui traverse la Moselle au-dessous de Liverdun, d’autres ouvrages d’art se font aussi remarquer : ce sont plusieurs aqueducs sous le canal, une écluse avec un pont en pierre, et une maison élégante pour un éclusier de première classe, deux ponts en charpente, un pont ellipsoïdal en pierre entre le souterrain et le pont-canal, deux gares, en amont et en aval de liverdun.
Souterrain. – Le souterrain a été percé au travers des bancs calcaires ferrugineux appartenant à l’étage inférieur de la formation oolithique (terrain jurassique), au-dessous duquel se trouve immédiatement le banc de minerai de fer oolithique exploité sur plusieurs points du département, puis la formation du lias. Ces bancs calcaires, d’une excessive dureté, ont subi sur place, par l’effet d’une des perturbations de l’écorce du globe, une dislocation qui les a fissurés en tout sens, et cette division en blocs isolés a rendu l’excavation du souterrain aussi difficile que dangereuse. Sans doute, on n’avait pas là, comme dans les souterrains de Foug et d’Arscheviller, une grande masse d’eaux pour augmenter les difficultés de l’excavation ; mais le peu de consistance du sol supérieur de blindage très coûteux et surtout la plus grande célérité dans les travaux de percement et dans le revêtement de la voûte en maçonnerie. C’est ce qu’avait compris M. Collignon, ingénieur en chef, autour du projet ; il voulut que, sur ce pont, rien ne ralentit les travaux. Grâce à la prodigieuse activité qui fut développée, en dix-huit mois la voûte se trouva entièrement terminée, sans accidents graves, sur une longueur de 390 mètres, et, lorsque les événements politiques de 1840 amenèrent, en 1841, cette diminution de crédits qui a entravé tous les travaux du canal, on put sans inconvénient suspendre l’achèvement du souterrain de Liverdun ; les difficultés étaient surmontées, et ce qui restait à faire pouvait plus tard s’exécuter sans danger.
Les hommes d’arts seuls peuvent comprendre toutes les dépenses qu’occasionne une si grande célérité ; mais les amis de l’humanité doivent féliciter le savant ingénieur qui dirigeait ces travaux, d’avoir, par ce moyen, rendu moins dangereux le eprcement, et d’avoir évité ainsi ces accidents qui compromettent la vie des travailleurs et rendent si difficile l’achèvement du travail.
Le souterrain de Liverdun à 500 mètres de longueur entre les deux têtes ; son épaisseur moyenne en maçonnerie est de 0m90. La voûte est en plein cintre dont l’ouverture est de 8m. La section du souterrain présente les dimensions suivantes : à la hauteur de la banquette, 8 m ; entre les banquettes, 6m20 ; au plan d’eau, 6m06 ; au plafond, 5m66, la banquette servant pour le chemin de halage à 1m40 de largeur, y compris les garde-corps en fer ; l’autre banquette, ayant 0,40 de largeur, est destinée à isoler la voûte et ses pieds droits des murs de cuvette soumis à l’action, et, en outre, à faciliter les réparations partielles qui pourront devenir nécessaires. Les deux têtes de ce souterrain sont construites en pierre de taille d’Euville ; à celle d’aval, deux escaliers en pierre lui donneront un caractère monumental. Les revêtements de la voûte sont en moëllons tirés du souterrain même ou des tranchées, piqués, ciselés avec soin et hourdés en mortier composé d’excellente chaux hydraulique de Ste.-Valdrée. Les pieds droits de la voûte sont taillés dans le roc, sans revêtement, sauf dans les parties où il s’est rencontré des fissures considérables ou du mauvais sol. Les parois de la cuvette sont revêtus d’un parement de maçonnerie, pareil à celui de la voûte. Le radier, dans les parties remplies de fissures, sera en béton ; les banquettes sont en pierre de roche, tirée aussi du souterrain, grossièrement taillée.
A l’issue du souterrain, le canal entre dans une tranchée courbe et très profonde, creusée dans une vallée rétrécie par deux côtes assez élevées, sur les flancs desquelles se trouvent, d’un côté, un chemin communal, et, de l’autre, un chemin d’exploitation. Là, encore, la disposition du terrain et la mauvaise nature du sol ont rendus indispensables des revêtements d’une forte épaisseur. Le glissement du terrain, sur une assez grande étendue, survenu après l’exécution d’une partie de la tranchée, ne permet pas de s’en tenir, comme en l’avait essayé, à des talus rapides protégés par de simples perrés.
Pont-Canal. – Par cette tranchée, qui a 400 mètres de longueur, le canal est ramené sur la Moselle, et la traverse au moyen d’un pont en pierre, de 136 mètres d’ouverture, qui le soutient à 10 mètres au-dessus des plus basses eaux de la Moselle. Avant de décrire ce monument, qu’il nous soit permis de regretter, avec tous ceux qui ont pu admirer l’ancien projet de M. l’ingénieur en chef Collignon, que des considérations stratégiques, ou peut-être une prudence exagérée, l’aient fait écarter par le conseil des ponts et chaussées, et forcé son auteur à lui enlever ce caractère de hardiesse et d’élégance qui en aurait fait le monument le plus remarquable de notre province.
Tel qu’il est, le pont-canal de Liverdun suffirait seul à la gloire d’un ingénieur. Il était difficile de déguiser plus heureusement la grande hauteur des murs nécessaires à l’encaissement du canal, et qui forment, au-dessus des arches, des tympans d’une proportion trop forte. Cette disproportion est détruite au moyen d’un cordon en pierre qui sépare les arches du pont des murs de la cuvette. Entre ce cordon et celui qui couronne le pont-canal, des pilastres divisent la façade de cette partie du pont et en rompent la monotonie. Peut-être faut-il regretter que la nécessité de se raccorder avec les piles du pont n’ait pas permis de donner à ces pilastres un peu plus de légèreté et un peu plus de mouvement, sans dénaturer le caractère de sévérité et de grandeur que devait conserver le monument.
La longueur totale du pont est de 175 mètres (les culées compris), sa largeur est de 10 mètres 60 centimètres. Il se compose de douze arches, toutes en plein cintre, dont dix de 13 mètres de diamètre et deux petites arches latérales de 3 mètres, par lesquelles se fera la circulation sur les deux rives de la Moselle, au-dessous du canal. Les banquettes servant de chemin de halage ont 2m05 de largeur ; elles portent des dés de pierre, dans lesquels sera scellé un élégant garde-corps en fer. Les dimensions de la cuvette du pont sont : à la hauteur des banquettes, 6m50, au plafond, 6m08. La profondeur est de 2m10. Les piles ont été fondées sur un massif de béton coulé à sec ; elles sont revêtues en pierres de taille d’Euville ; le fond de la cuvette et ses parois intérieurs sont en béton, composé de gravier et de mortier très hydraulique fait avec de la chaux de Ste.-Valdrée, du sable siliceux et de la pouzzolane artificielle. La surface de ce béton est recouverte d’une chappe en mastic minéral composé d’asphalte provenant des mines du Val-de-Travers, qui a été garantie par une seconde couche de béton et revêtue d’une maçonnerie en moëllons piqués.
La précision avec laquelle sont exécutés toutes les parties de ce monument prouve que l’entrepreneur, M. Mombrun, en a compris l’importance, et que les ouvriers les plus habiles en tout genre y ont été employés.
M. Zeiller, ingénieur des ponts et chaussées, chargé des travaux de la 2.° subdivision du canal de la Marne au Rhin, a eu ici, comme au souterrain, une foule d’immenses obstacles à vaincre. Pendant qu’on jetait les fondements du pont, les pluies continuelles de 1841 ont amené treize crues extraordinaires, qui ont détruit presque chaque fois les ouvrages préparatoires et suspendu les travaux ; ce n’est qu’à force d’énergie, de persévérance et d’études profondes, que ce savant et modeste ingénieur a vaincu ces difficultés. Il a fallu créer un matériel considérable et, avec une vigilance continuelle, épier en quelque sorte les instants où les eaux baissaient pour recommencer les travaux et les pousser activement. Tous ces obstacles surmontés, rien ne paraissait encore, il semblait que tout restait à faire ; et, lorsque de tous les points des environs, la population est venue assister à la pose de la première pierre du pont, préoccupés de l’importance d’un canal dont le prompt achèvement nous était promis, charmés des détails de cette fête si pittoresque, où, malgré l’inclémence du temps, s’est manifesté le goût et le génie artistique de nos ingénieurs, nous avons à peine vu le résultat de tant d’efforts, et nous n’avons pu apprécier tout ce qu’il a fallu de savoir et d’habilité pour l’obtenir. Il en est ainsi de toutes les œuvres de génie ; le travail ne s’y laisse pas deviner, et ceux qui admireront ce monument achevé, sa masse imposante et ses détails d’une beauté sévère, ne pourront se faire une idée des trésors de science et d’étude qui y sont cachés, tant les combinaisons leur en paraîtront simples, tant est convenable l’ensemble du pont, et son exécution parfaite.
La première pierre du pont-canal de Liverdun a été posée, le 22 septembre 1841, par M. Teste, ministre des travaux publics, en présence des autorités civiles, ecclésiastiques et militaires du département. Le procès-verbal de la cérémonie et la médaille commémorative ont été placés dans la culée, du côté de Liverdun.
La médaille est en bronze, d’une belle exécution ; elle présente d’un côté la tête du Roi et de l’autre cette inscription
CANAL
DE LA MARNE AU RHIN
LOI DU 3 JUILLET 1838
PONT – CANAL DE LIVERDUN
LA PREMIERE PIERRE
DE CE MONUMENT A ETE POSEE
LE 22 SEPTEMBRE 1841
LOUIS-PHILIPPE I
ROIS DES FRANÇAIS
J.-B. TESTE MINISTRE DES TRAV. PUBL.
A.-V. LEGRAND SOUS-SECRET. D’ETAT
LUCIEN ARNAULT
PREFET DE LA MEURTHE
COLLIGNON ING. EN CHEF.
Masson : J’ai eu la chance de voir ce fameux pont-canal le texte est loin de rendre l’impressionnant effet du passage d’un bateau sur un canal à 10 mètres au dessus du sol et de la Moselle ! Malheureusement ils l’ont fait dynamiter dans les années 80 ! Je l’ai vu de mes yeux ! Mais s’il ne nous reste plus rien du pont-canal à part ce texte et peut-être des photos que des gens auront faite il reste quand même encore quelque chose. Mon oncle Daniel Sold, malheureusement décédé m’a montré avec une grande fierté et il avait raison, les plans de la porte de la grille en fer forgée du pont-Canal en sa possesion, une véritable splendeur ! proche de la beauté des grilles de la place Stanislas ! Je ne sais pas ce que sa famille en a fait sa femme à Frouard, gravement malade de la schlérose en plaque, l’a sans doute encore.
Tous ces travaux, que nous avons essayé de décrire, ce souterrain, ces énormes tranchées, ces ponts, ces aqueducs, cette écluse, cette élégante maison, ce pont-canal, enfin toutes ces constructions, qui, autrefois, auraient exigé un siècle d’efforts, quatre ans à peine ont suffi à leur achèvement.
Matériaux qui ont servi à la construction. – Ainsi que nous l’avons indiqué, les matériaux employés à ces travaux sont : pour le pont-canal et les assises principales des ponceaux, pour les deux têtes du souterrain et de l’écluse, la belle pierre des carrières d’Euville (Meuse) ; pour le surplus, des moëllons piqués extraits du souterrain et des tranchées, ou choisi dans les meilleurs bancs des carrières de Liverdun. Le sable provient des anciens attérissements de la Moselle ; les cailloux, pour le béton, du lit de la rivière ; la chaux hydraulique, qui est d’une excellente qualité, a été fournie par les chaufours établis, pour les travaux du canal, à Ste.-Valdrée, sur le territoire de Laneuveville-devant-Nancy. La pouzzolane artificielle, pour la cuvette du pont-canal, son radier et celui de l’écluse, a été fabriquée à Liverdun avec les argiles mêlés de sables que la Moselle a déposés sur ses bords. Cette matière a été cuite dans un four à feu continu avec de la braise des chaufours de Ste.-Valdrée.
Forme du sol. – Le territoire de Liverdun est occupé par l’étage inférieur du calcaire oolithique (terrain jurasique), appelé ordinairement oolithe ferrugineuse. Il y constitue des coteaux assez élevés formant des plateaux bien étendus, dont les pentes sont généralement rapides et escarpées, c’est ce qui rend le pays très pittoresque ; les vallées y sont resserrées.
Agriculture. – Le sol est, en grande partie, peu favorable à l’agriculture. Les côtes rocailleuses reçoivent la culture de la vigne, qui est souvent dégradée par des grandes averses ; dans les parties inférieures de ces côtes, la luzerne, le sainfoin et d’autres plantes fourragères réussissent bien. Le colza et les pommes de terre prospèrent dans les vallées. Les plateaux, malgré leur aridité, sont recouverts de très beaux bois, dont l’essence dominante est le chêne et le hêtre ; dans ces bois, le botaniste peut faire une belle moisson de plantes rares.
Les sources abondantes, dans quelques endroits de la vallée, sont très rares dans d’autres.
Richesse minérale. – Les bancs supérieurs du calcaire peuvent donner de la chaux grasse, bonne pour les constructions ordinaires, des moëllons de remplissage, et même quelques tailles pour les portes et fenêtres ; les bancs calcaires, appelés roche rouge, donnent d’assez bons moëllons de parements et de la pierre qui ne demande pas une taille finie ; cette roche est assez résistante à la gelée, cependant moins que celle de mêmes bancs des environs de Nancy. Les bancs inférieurs du calcaire marneux donnent une chaux maigre, peu hydraulique ; le banc de minerai de fer oolithique, que l’on a rencontré dans la tranchée et dans le souterrain, et dont on voit les affleurements sur la rive gauche de la Moselle, est assez riche et peut être exploité avec avantage. Les marnes endurcies de la partie supérieure, de la formation lias, peut donner un assez bon ciment après une cuisson convenable. Les anciens attérissements de la Moselle renferment de très beau sable siliceux, convenable pour les constructions et qui est exploité seulement depuis le commencement des travaux du canal ; le lit de la Moselle fournit de bons cailloux et du sable ; cette rivière a déposé, sur ses bords, une glaise brunâtre mêlée de sable siliceux très fin, de carbonate de chaux et d’un peu de matière organique. Cette glaise, après une calcination convenable, donne une très bonne pouzzolane artificielle. (Note communiquée par notre zélé collaborateur, M. Zienkowicz.)
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