samedi 5 mai 2007

Cavalier à l'Anguipède

Du symbole de la roue nous trouvons un nouveau syncrétisme du Dagda en la personnifaction du cavalier à l'anguipède.

ANGUIPEDE : Cavalier à l'ANGUIPEDE . Cavalier soutenu par un personnage à corps humain et aux pieds de cheval ou de bouc , il peut signifier le mouvement " évolutionniste " du Monde sortant du Chaos primitif . Parfois porteur d'une roue , il est le dieu-cavalier terrassant le Monstre à queue de serpent ou de poisson , il est la lumière triomphant des forces souterraines et mystérieuses , du jour sur la nuit , c'est le combat du DAGDA contre BALOR le FOMORE .

Anguipède est une créature légendaire dont le corps finit en queue de serpent. Équivalent du démon Abrasax de la mythologie grecque, ce personnage symbolise les formes du mal issues de la Terre.



Il existe notamment des ensembles dits « cavaliers à l'anguipède ». Le personnage terrassant l'anguipède est semble-t-il Jupiter. De telles statues ont été trouvées à Corseul (Côtes-d'Armor), Briec (Finistère), Landudal (Finistère), Saint-Méloir-des-Bois (Côtes-d'Armor), Plouaret (Côtes-d'Armor), Plomelin (Finistère) et Plobannalec (Finistère). Elles sont également très présentes dans l'Est de la France (Grand).
D'autres statues gallo-romaines existent en France, en Allemagne et en Belgique.

Dans le monde celtique dont faisait partie la Germanie romaine, Jupiter le dieu latin du ciel et
de la foudre, fut assimilé au dieu celtique de la foudre, Taranis. Au nord de la Gaule et en
Germanie romaine, le culte de Jupiter Taranis se manifesta surtout par l'érection de hautes
colonnes coiffées d'un chapiteau corinthien. Souvent quatre têtes de femmes symbolisant les
quatre saisons ornaient ce chapiteau, sur lequel se dressait un cavalier (Jupiter) terrassant un
géant aux pieds en forme de serpents.
Comme les colonnes de Jupiter à l'anguipède ne se rencontrent que dans les anciens territoires
celtiques, beaucoup de savants pensent que le cavalier serait une représentation du dieu
Taranis lançant la foudre sur la terre, symbolisée par le géant, pour faire tomber la pluie et
jaillir des sources.
Une seconde hypothèse voit dans ce groupe une allusion à la victoire de Jupiter sur les géants,
fils de la terre, qui avaient voulu s'emparer de l'Olympe. En Germanie ce mythe aurait
symbolisé la victoire des Romains sur les Barbares.

Origine

On a pu dire que la représentation du « cavalier à l'anguipède » trouverait son modèle dans la célèbre statue équestre de Marc-Aurèle, sur la place du Capitole, à Rome. Le rapport semble plus évident avec ces représentations de barbares foulés aux pieds par la cavalerie romaine comme on en trouve beaucoup au IIème siècle ap. J.-C. (décorations de sarcophages, réemplois dans l'arc de Constantin ...). L'influence est certaine sur le plan du traitement, l'art celtique ignorant la tradition figurative. Mais l'imitation, si elle existe, se limite à la performance technique. Le sujet, lui, reste profondément original, propre à la Gaule de la période romaine, et sa large diffusion comme la singularité de la composition d'ensemble plaident pour une origine autochtone, aboutissement d'une tradition antérieure que seule l'évolution des pratiques artistiques a permis de matérialiser.

Description

Le thème gallo-romain du cavalier à l'anguipède faisait souvent figurer une dédicace à Jupiter (OM, « optimo maximo ») (Masson 2007 : phrase similaire que l'on retrouve sur le clocher de certaines églises comme en Meuse du côté de Boviolles à Vaux la petite du genre deo optimo...), et des feuilles de chêne (symbole de Taranis), de laurier ou de hêtre. Il constituait un monument complexe, assemblant habituellement les éléments suivants :
- un socle inférieur, quadrangulaire, suggérant la division de l'espace avec, aux quatre points cardinaux, Junon/déesse-mère à l'est, Hercule/Ogmios au nord, Minerve/Rigantona à l'ouest, et Mercure/Lug au sud
- un fût de colonne recouvert d'écailles, ou de feuilles superposées
- un socle supérieur représentant les sept planètes et les sept jours de la semaine (Luna, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne et Sol)



- un chapiteau avec quatre têtes ou bustes personnifiant les quatre saisons : quatre figures féminines, ou bien un jeune homme à l'est, une jeune femme avec un épi de blé au sud, un homme mûr à l'ouest, et une femme voilée, la bouche ouverte, au nord
- le cavalier, barbu, manteau flottant au vent, qui prend son essor vers le ciel en brandissant parfois de la main droite la roue ou le foudre.
Il domine un géant trapu, fortement musclé, exprimant l'effort, la plupart du temps masculin, et aux pieds en forme de serpent, lequel gît à demi couché sous les antérieurs du cheval cabré. Il est orienté comme le cavalier, et sa lourde queue soutient parfois la partie arrière du ventre du cheval. Dans de nombreux cas, le cavalier regarde vers l'est. A noter que l'anguipède lui-même, habituellement désigné comme un « géant », reste le plus souvent proportionné avec la taille du cavalier.

Mythologie

tumultueux fils de la terre, qui étaient effectivement mi-hommes mi-serpents, et qui avaient voulu s'emparer de l'Olympe. Et l'on peut aussi y voir le Jupiter gaulois Taranis lançant la foudre sur la terre, symbolisée par le géant, pour faire tomber la pluie et jaillir des sources.
On peut encore constater que l'anguipède, avec sa queue serptentine, appartient à la famille de Mélusine ou du serpent (souvent représenté à tête humaine) de la tentation d'Eve. Le cavalier serait alors à mettre au rang des sauroctones.
L'interprétation première consiste en effet à voir là « la victoire des forces célestes sur celles de l'ombre, de l'eau et du sous-sol », ou plus précisément « l'image du Dieu du ciel et de la lumière, peut-être de la foudre, écrasant le Dieu souterrain qu'il vient de vaincre », comme le formule Henri Fromage. Mais celui-ci note qu'en fait l'anguipède est rarement écrasé et réellement vaincu, et que sa position à terre n'est qu'un effet de la nature de ses jambes. En fait il se redresse, et semble porter volontairement le cavalier dans son essor vers les cieux, lui offrant comme une sorte de piédestal. Et, tel Antée, il assure un lien viscéral avec la Terre, y prenant solidement appui : il en tire toute sa puissance. Dès lors ce motif représenterait la « coopération entre deux Dieux contraires, le saut héroïque n'étant possible qu'avec la connivence des forces terriennes et souterraines ».
Selon Lambrechts, les cavaliers à l'anguipède, comme certaines sculptures où le « dieu à la roue » est accompagné d'un autre personnage qu'il domine, seraient des représentations de la double nature de Taranis, en même temps dieu solaire et divinité infernale.
On retrouve là le rôle de l'axis mundi, qui relie les différents niveaux de la manifestation : pour s'élever vers le ciel, le cavalier prend appui sur la terre et sur les forces chtoniennes symbolisées par la queue de serpent. Il y a là conciliation des opposés, réunification des forces.

Autres noms

Le cavalier est assimilé par certaines inscriptions à Jupiter, et il est à rapprocher des représentations de ce dieu, ou de son équivalent gallo-romain Taranis (porteur de la roue ou du foudre), debout et accompagné d'un petit personnage anguipède.
Henri Fromage (BSMF n° 56) identifie l'anguipède à Cernunnos (Masson 2007 : non cernunnos est une constellation opposée à Taranis l'anguipède qui se trouve au nord sur la carte ign 3415o de Nancy), Mercure et Gargantua.
On y a aussi vu, dans les représentations ultérieures sur la façade des églises, l'empereur Constantin triomphant de ses ennemis (allégorie de la victoire du christianisme sur le paganisme).

Remarque :

Autrefois à Nancy au centre de la place Saint Epvre au dessus de la fontaine centrale où se trouve aujourd'hui une statue de René II à cheval se trouvait une statue du cavalier à l'anguipède qui se trouve au musée Lorrain.

1 commentaire:

ianop a dit…

Bonjour,

Blog instructif et bien documenté. Mais il faudrait que le texte soit lisible en tous points.

Cordialement,

IANOP