lundi 16 avril 2007

Mythologie de Cernunnos

Je vais procédé de la même façon que pour la mythologie d'hermès : chercher le plus de renseignements possibles concernant la mythologie de Cernunnos et du cerf. Le moindre détail en plus pourra éclairer d'un jour nouveau la compréhension du plateau du Grand Couronnée.

K/Cernunnos:

Devos gaulois, probablement pré-indo européen, son nom signifie le "bel encorné", le « cornu » c’est le dieu cornu aux ramures de cerf qui symbolisent la vie éternelle par le renouvellement (les ramures tombent puis repoussent). le Grand Cornu, époux de la Déesse-Mère de Samhain à Bealtaine, sous la forme du Dieu-Houx. Il est le symbole de la force fécondante et du renouvellement, de la pensée primordiale.

Le nom de Cernunnos, attesté une fois seulement, et de façon amputé ([ ]ernunnos),
sur le pilier des Nautes parisiens, est difficilement explicable. Nombreux sont ceux qui règlent cette question étymologique en ramenant ce nom à celui des cornes, Cernunnos serait donc « le cornu ». Certes la racine indo-européenne KRN évoque bien l’idée de corne et même, selon René Guénon, celle de couronne : « Toutes deux sont « sommet » et placées sur la tête … Pareillement le mot grec Keraunos, foudre, qui frappe d’habitude les sommets, les lieux élevés, semble dériver de la même racine »

Duval renvoie quant à elle à l’irlandais cern « qui désigne le front des jeunes quadrupèdes
gonflé par l’amorce de cornes ou de bois ».

KR: en découlent Kèr, qui préside à la mort, Koré, fille de Déméter, Cérès elle-même, voire Kerridwen (Cerrd + wen = art poétique + blanc = Dame Blanche de la Mort et de l'Inspiration).
KRN : le N final ajoute l'idée d'élévation. En découlent Kernunnos, Cronos, Carnac, Karna, Carnéa...

Age du Fer Cernunnos



Blain, IIe ou IIIe s.
Terre cuite (L. 40,5 cm)
Nantes, Musée départemental Dobrée, inv. 951.1.1
Semblable aux chenets gallo-romains à tête de bélier, ce bloc modelé montre un loup (?) au dessus duquel se tient debout un dieu cornu, peut-être accompagné d'un serpent. Ce pourrait être Cernunnos, divinité gauloise de la Terre, dispensatrice de richesses, habituellement représenté sous les traits d'un homme à la ramure de cerf. Les bois de cerf, qui tombent et repoussent chaque année, symbolisent la fécondité et le renouveau de la nature.

Masson : ce qui est tout à fait exacte avec la position du plateau de Malzéville, le loup, le Grand couronnée, Cerunnos est situé au dessus du loup.

Dieu aux bois de cerf, le Cernunnos celtique est attesté par une dizaine de représentations figurées et une unique inscription gallo-romaine conservée au musée de Cluny et dans laquelle le C initial est restitué. La traduction usuelle du théonyme est « (dieu) cornu », mais il n'est pas certain, compte tenu des noms celtiques de la « corne » (gallois carn, breton karn), qu'elle soit exacte.(...)

CERUMNO-CERNUNNOS-KERNUNNOS

Cerumno est une divinité animale, une sorte de seigneur des fauves, à la posture insolente et au visage énigmatique. Dérivé de carno (cerf) ou de cerno (pointe), son nom fait clairement allusion à la fertilité virile et aux impétueuses énergies des animaux à la saison des amours. C'est pourquoi il est considéré comme le dieu des influences fécondatrices, celui qui, en mourant et en renaissant, met en marche le cycle de mort et de renaissance dans la nature. Le brame du cerf pouvait être assimilé aux cris de ce Dieu et était présage de mort.
Cernunnos : Le dieu Cernunnos apparaît, pour la première fois, dans l’art rupestre du val Camonica. Debout, vêtu d’une longue tunique et couronné de bois de cerf, il tient un torque dans une main et un serpent dans l’autre. Ses attributs font de lui un élu, roi des dieux ou dieu du monde des morts. Il est présent sur le chaudron de Gundestrup, avec les trois autres rois des saisons, tous amants de la Déesse, toujours avec les bois de cerf pour chef. Il s’y montre également dans la posture de padmasana, qui est celle des héros divinisés, car il symbolise l’immortalité. D’après ses attributs, il règne sur la Nature, et dans la statuaire gallo-romaine, il tient une corne d’abondance, et s’entoure d’animaux. Il faut rapprocher son nom de Cranos, une divinité mycénienne des troupeaux, ultérieurement assimilée à Apollon, d’une part et de l’autre, de Cronos, fils d’Ouranos et père de Zeus dans la Théogonie d’Hésiode. Les feuilles de gui sont sa parure.
Aucun mythe, aucune légende n'a été conservé sur ce personnage: on en est donc réduit à des conjectures faite à partir de son iconographie pour comprendre sa place dans le panthéon gallo-romain.
La divinité, désignée par ce nom sur un des éléments du monument de Lutèce connu sous le nom de pilier des Nautes, y est coif¬fée de bois de cerf sur lesquels sont accro¬chés des torques.
Une autre, souvent considéré comme fausse, vient de Polenza en Italie. Une troisième, une tablette de cire découverte en Roumanie, atteste de son assimilation à Jupiter et qu'on lui a consacré un collège funéraire. Enfin la plus ancienne, en langue gauloise, donne la forme Karnonos.



Sans être nommée, cette divinité aux bois de cerf associée au torque est représentée avec des animaux sur une des plaques intérieures du bassin de Gun¬destrup, ainsi que sur une gravure rupestre attribuée à l'âge du fer du Valcamonica et des monuments d'épo¬que romaine (stèle du musée de Reims où le dieu cornu est repré¬senté en dispensateur de richesse, assis en tailleur entre Apollon et Mercure, au-dessus d'un taureau à tête de griffon et d'un cerf). Il s'agit incontestable¬ment d'une divinité très importante qui est quel¬quefois identifiée au Dis Pater, souverain du monde souterrain, mentionné par César parmi les principaux dieux gaulois.

Représenté par un vieil homme avec des cornes tenant un serpent dans une main et un torque dans l'autre, entouré d'animaux, il est proche de la nature sauvage, et vit au fond des forêts où il protège les animaux. Une légende voudrait qu'il vive sous terre et trompé par sa femme, il remontrait à la surface entrainant le printemps à sa suite.
Principalement gaulois, on le retrouve sous diverses formes ailleurs.
L'iconographie, elle, comporte un dossier d'une soixantaine de représentations. Parfois des torques sont acrochés à ses bois; il est assis en tailleur, à la manière "bouddhique". Il tient un sac de pièces qu’il répand ou un panier plein de nourritures, deux représentations de l’abondance. Il est parfois tricéphale ou a trois visages. On pourrait l'interpréter comme dieu des morts et de la richesse, mais cela reste conjectural. Les bois peuvent symboliser la puissance fécondante et les renouvellements cycliques, ils repoussent pendant la saison claire de l’année celtique ; il est parfois entouré d’animaux, ce qui en ferait un Maître du règne animal. Le serpent à tête de bélier lui est associé.
Il est notamment représenté sur le Chaudron de Gundestrup (récipient cultuel datant du IIe siècle av. J.-C.)



et sur le Pilier des Nautes de Lutèce (monument élevé par la corporation des Nautes, sous le règne de Tibère 14-37 apr. J.C.)
Voici un extrait de la légende
"Ils débouchent dans une vaste grotte. Une faible lueur verdâtre descend de la voûte en partie effondrée.
Sitôt entrés dans cette étrange caverne, les chasseurs poussent un cri et se prosternent contre le sol. En face d'eux, un curieux personnage attend, assis en tailleur. Il s'agit d'un noble vieillard vêtu à la mode gauloise, un torque d'or au cou, de magnifiques ramures ornées d'anneaux brillants sur la tête. « Cernunnos ! le dieu-cerf ! »"...
"Le vieux solitaire, c'était donc lui ! Le dieu ouvre le sac rebondi qu'il tient sur les genoux. Des pièces d'or s'en échappent, roulent jusqu'aux chasseurs..."...
"Leurs paupières s'alourdissent. Incapables de lutter contre cet engourdissement, ils sombrent dans le sommeil. "...
"Quand ils se réveillent, la nuit est tombée."..." L'un d'entre eux, qui s'était relevé, bute contre un obstacle : le sac ! Non, ils n'ont pas rêvé. Le généreux Cernunnos, le dieu de l'abondance, a disparu, mais il leur a laissé un fabuleux trésor."
Un dessin d’une caverne étrange et numineuse de Val Carmonica, en Italie, est plus brutet plus ancien que ces dernières, datant du IV-IIIème siècle avant J-C. Ici Cernunnos est une figure imposante, couronnée d’andouillets de cerfet semble être vêtue d’une longue robe.”



Il se rencontre aussi seul mais dans ce cas sa tête est triple, soit une tête est de face et les deux autres sont de profils, soit il porte deux petites têtes collées à son crâne juste au dessus des oreilles.
On le compare souvent au Serapis romain est sans doute ma représentation du mal comme il y en a dans toutes les religions, car il est souvent suivit d'un serpent cornu ou à tête de belier. Parfois, on le trouve en confrontation avec Toutatis mais c'est ce dernier triomphe à chaque fois, à la façon de Loki face à Odin dans la mythologie viking.
Dans la mythologie celtique, Cernunnos a été assimilé à Gwynn au Pays de galles et aussi à Herne le chasseur en Angleterre. Tous les deux étaient fort célèbres pour leur "Chasse Sauvage", ils sortaient des Enfers (ou plus simplement de la forêt) accompagnés de leur meute de chiens des Enfers pendant la saison de chasse hivernale.
On a longtemps cru qu'entendre la voix de Herne, qui ressemblait au brame du cerf, présageait d'une mort certaine. En tant que dieu de la régénération de la vie, il connaît une nature cyclique: il apparait au solstice d'hiver, se marie à Beltane (commencement de l'été) et meurt au solstice d'été. Puis à Samhain il sort des Enfers pour se lancer dans sa "Chasse Sauvage".

Extrêmement populaire parmi les Celtes, les druides ont largement encouragé l'adoration de Cernunnos qui devint un obstacle sérieux à la diffusion de christianisme.

Le Dieu cornu des Celtes, était adoré de manière étendue et lointaine, de la Gaule à la Grande-Bretagne (et parfois, il est le même dieu que Pan, mais ce lien chez les wiccans vient de « tous les dieux sont un Dieu, et toutes les déesses sont une Déesse »).

Mythologie Grecque du Cerf :

Sur l'île de Chios, dans une vallée nommée Carte, vivait un cerf merveilleux, protégé par les nymphes. Il était plus beau que les mots peuvent le dire. Il avait sur la tête une paire d’andouillers géants, très ramifiés et couverts d’or brillant. Des couronnes de diamant pendaient de son cou puissant, et ses oreilles étaient constellées de pierres précieuses.

Le cerf n'avait aucune crainte de l'homme. Il entrait librement dans les habitations des gens, et tendait la tête pour que tous l’atteignent et le caressent. Tous les habitants l'aimaient, mais Kyparissos l’aimait plus que tous. Il était le jeune fils du roi de Chios, et l’ami bien-aimé d’Apollon, le lanceur de flèches.

Kyparissos conduisait le cerf à des riches prairies, et à des sources fraîches d’eau cristalline. Parfois il pendait des couronnes de fleurs parfumées à ses grands andouillers, et d’autres fois il bondissait, à califourchon sur la bête magique, riant à travers la vallée fleurie de Carte.

Il était midi, par une chaude journée d’été. La chaleur était insoutenable. Cherchant un abri des rayons impitoyables du soleil le cerf se coucha à l'ombre, s’abritant sous quelques épais buissons. Comme le peut seulement le hasard, Kyparissos était parti chasser non loin de là. De loin, et couvert de feuilles, le cerf ressemblait à tout autre. Kyparissos était un bon chasseur, et dès qu'il entrevit le cerf caché il lança sa lance avec précision. Il ne savait pas que l’animal qu’il avait mortellement blessé était le cerf sacré. Mais lorsqu’il s’approcha et réalisa ce qu'il avait fait, l’horreur remplit son coeur. Accablé de chagrin, il décida de mourir le long de son ami à bois.



Toutes les consolations d’Apollon furent vaines. Son chagrin était infini. Et il supplia donc le dieu à l'arc d'argent de lui permettre de pleurer à jamais. Apollon exauça son voeu. Le jeune homme se transforma en arbre. Sa chevelure épaisse devint un feuillage vert sombre, et son mince corps se couvrit d'écorce. Devant les yeux d’Apollon il s’étira vers le ciel et devint un majestueux cyprès. Sa cime semblait percer les cieux comme une flèche. Apollon soupira tristement et chuchota : "Toute l’éternité je pleurerai pour toi, merveilleux jeune homme, et toi en retour tu participeras à la tristesse des autres. Tiens-toi, maintenant et pour toujours, auprès de ceux qui sont frappés par le chagrin."

Depuis ce jours les Grecs pendent des branches de cyprès aux portes des maisons où quelqu'un est mort, ornent les bûchers funéraires de feuilles de cyprès, et plantent des cyprès autour de leurs tombes.

Aristée :

Fils d'un dieu mineur, Aristée (ou de Cadmos selon Ovide) et d'Autonoé, il passe pour avoir été élevé par le centaure Chiron et devient un chasseur très habile. Selon la version la plus populaire, il surprend par hasard, au cours de ses chasses, la déesse Artémis prenant son bain. Furieuse et n'ayant pas ses armes à portée, elle le transforme en cerf : Actéon, impuissant, meurt déchiré par ses propres chiens. (Diodore mentionne d'autres raisons au courroux de la déesse : il aurait commis un sacrilège dans son temple ou se serait vanté d'être plus habile qu'elle à la chasse. Cette dernière explication est déjà donnée par Euripide dans ses Bacchantes.)
Selon une tradition minoritaire mentionnée par le pseudo-Apollodore (qui l'attribue à Acousilaos), Actéon est métamorphosé par Zeus pour avoir poursuivi Sémélé, princesse thébaine mère de Dionysos, de ses assiduités.
Pausanias (IX, 38, 5) rapporte qu'il faisait l'objet d'un culte héroïque dans la cité d'Orchomène (Béotie).

Nous pouvons en déduire que Cernunnos chez les Grecques s'appelait Aristée.

Mythologie ciel de printemps :

Pour son premier travail, Hercule étrangla le Lion de Némée qui avait une peau presque aussi dure que du métal. Dans une longue et terrible bataille, il coupa les neuf têtes de L’Hydre des marais de Lerne tandis qu’une écrevisse géante (Cancer) tentait de le noyer. Ensuite, il captura vivant un cerf magique aux cornes d’or ainsi qu’un sanglier géant.

Le cerf en Irlande :

Tuan Mac Carell: Partholonien, seul survivant du fléau qui détruisit sa race. Un matin, il se retrouva transformé en cerf et devint le maître de tous les cerfs d'Irlande. En devenant vieux, il se transforma en sanglier, puis en aigle. Après cela, il se transforma en saumon. Il fut péché par la reine Cairell qui après l'avoir mangé donna naissance à Tuan, nouveau-né. Il prit alors le nom de Fintan ou Tuan Mac Cairell. Sous ses diverses formes, physiques ou animales, il observa, en fait tout le déroulement de l'histoire de l'Irlande et de ses peuples successifs. Il est le symbole de l'histoire transmise et restituée.

Le dieu cerf:

Le cerf est l'un des animaux symbolique les plus importants des anciennes cultures du monde.

Dans le bouddhisme le cerf d'or est une manifestation du Bouddha libéré (d'ou le fait qu'il a un visage d'homme qui sourit comme un bouddha) revenant parmi les hommes pour les délivrer de la force et de l'aliénation de leurs sentiments contradictoire (Lutte entre San et Dame Eboshi) et leur faire ainsi connaître la paix de l'âme propice à la sagesse et à la connaissance ( La mort du dieu-cerf fait déposé les armes à tout le monde).Le cerf blanc porte un disque solaire sur le dos(La transformation du dieu-cerf au jour). Le bestiaire du Moyen age (bestianium), ajoute que les cerfs auraient découvert l'effet magique du dictame (dictamnus) dont ils font usage pour se défaire des flèches dans leur peau , et cicatriser leurs blessures (Ashitaka guérit de ses blessures).Pour le shinto japonais, le cerf est la monture des dieux, et il fait partie des symboles divins qui sont représenté sur les Kakemonos sacrés (d'ou le faite que le cerf est un dieu).

Un jour, en une autre circonstance, Actéon aperçut par hasard Artémis (déesse lunaire) en train de se baigner dans un torrent tout proche; il ne s'éloigna pas et la regarda. De crainte qu'il ne se vantât par la suite auprès de ses compagnons qu'elle s'était montrée nue en sa présence, elle le changea en cerf et le fit mettre en pièces par sa meute de cinquante chiens.

• Dans la plupart des traditions chamaniques européennes, les gens sont conduis vers l'Autre Monde en poursuivant un animal magique, souvent un cerf ou un sanglier. Dans plusieurs légendes, comme les légendes arthuriennes, apparaissent aussi des corbeaux, des hiboux et des saumons.
Un des personnages européens célèbres liés à la magie est Merlin. L'image qui ressort est un prophète vivant dans les bois, maître des animaux, dont les totems sont le cerf, le loup et le sanglier.

Déesse de la chasse et de la nature sauvage, « Dame des fauves » d'après Homère dans l'Iliade ; Artémis est belle, chaste, vierge et farouche, avec des grands talents de chasseresse (particulièrement les cerfs), on la représente le plus souvent, court vêtue, armée d'un arc et de flèches forgés par Héphaïstos, elle est souvent accompagnée d'une biche, d'un cerf ou d'un chien, ou encore d'une meute de chiens offerts par Pan (trois chiens aux oreilles coupées, deux bigarrés et un tacheté, puis sept lévriers de Spartes) ; on la trouve aussi accompagnée par un cortège de nymphes et d'océanides, desquelles elle exige la chasteté.

Les Cerfs Blancs

Le point de vue scientifique :

Les cerfs ont en général le pelage brun-rouge en été et gris-brun en hiver. On constate cependant une grande variété de pigmentation du jaune-brun au noir. Il peut y avoir des spécimens albinos ; ils ont alors les yeux rouges et le poil apparaît très blanc, sans pigmentation.
Concernant le Cerf Blanc, il est très peu répandu dans le milieu naturel. Cependant ceux qui l’ont observé et qui continuent à tenter de comprendre l’origine de ce phénomène, ont fini par identifier 4 pigmentations chez le Cerf élaphe Rouge d’Europe :
- « rouge », au pelage brun normal,
- « blanc », réunit tout type de coloration dominée par le blanc ; on y retrouve des individus au poil variant du blanc au beige en virant parfois vers le jaune, et possédant des yeux bleus, bruns voire des yeux de chaque couleur
- « blanc pur », dont les représentants possèdent un pelage d’un blanc pur, et les yeux de couleur bleu
- la dernière pigmentation « blesswild », traduite littéralement par « sauvage béni », est extrèmement rare et est matérialisée par de larges traces blanches présentes sur un pelage brun, partout ailleurs ; ces traces sont visibles uniquement sur le devant de la tête et parfois juste au-dessus des sabots.
Les expériences relatant différentes hypothèses génétiques sont trop compliquées pour être relatées. Les phénomènes président à la différenciation de ces groupes de pigmentation ne paraissent pas très simples.
On a, par exemple, constaté la naissance de faons bruns issus de croisement entre parents blancs, mais aussi la naissance de faons blancs issus de croisements entre parents bruns.
S’agit-il de mutations génétiques ou de problèmes de transmission génétique complexe difficiles à expliquer avec certitude ?...
Ce que l’on peut dire, c’est que la couleur blanche du poil est considérée comme récessive, sans qu’apparemment la transmission soit aussi simple.
La pure variété blanche est celle qui possède le poil bien blanc et les yeux bleus.
Certains spécimens de cerfs blancs, même considérés comme « purs » présentent des spots foncés pigmentant la peau et surtout visibles au moment des mues, notamment celle du poil d’hiver au poil d’été qui laisse apparaître des espaces sans poil à certains moments.

Du côté des légendes

Assez curieusement, on connaît très peu de choses concernant le Cerf Blanc qui est, par contre très présent dans de très nombreuses légendes, apparaissant souvent comme une représentation terrestre du Seigneur…



- dans la légende arthurienne, la chasse au cerf blanc entraîne les chevaliers au-devant de leur destin.
Le Cerf Blanc était un animal quasi légendaire à cause de sa rareté, et qui le tuait en tirait beaucoup d'honneurs. Ainsi, la coutume voulait que celui qui pouvait le tuer devait, en toute légitimité, et sans que quiconque s'y oppose, donner un baiser à la plus belle des jeunes filles de la cour. Si le baiser en lui-même n'était un affront pour personne, de nombreuses querelles naissaient au moment de choisir la plus belle : chaque chevalier voulait que cette qualité soit appliquée à sa Dame!
- dans la mythologie celtique, le cerf Blanc est le messager de l'Autre Monde et le conducteur des âmes.
on retrouve le mythe du Cerf Sauveur dans la Chanson de Roland, un des premiers écrits en français, daté d’environ 1090. Cette chanson de geste se passe lors de la bataille de Ronceveau en 778. Un des passages parle de la manière dont Charlemagne a pu franchir la Gironde en crue grâce à l’intervention d’un Cerf Blanc.
On raconte également qu’une biche blanche est intervenue dans la vie de Clovis en 507, au moment de sa célèbre victoire de Vouillé contre les Wisigoths. Elle lui aurait montré un gué pour franchir une rivière lui et son armée, et ainsi permis de remporter la bataille. "L'armée étant arrivée sur les bords de la Vienne, on ignorait entièrement dans quel endroit il fallait passer ce fleuve, car il était enflé par une inondation de pluie. Pendant la nuit le roi ayant prié le Seigneur de vouloir bien lui montrer un gué par où l'on pût passer, le lendemain matin, par l'ordre de Dieu, une biche blanche, d'une grandeur extraordinaire entra dans le fleuve aux yeux de l'armée, et passant à gué, montra par où on pouvait traverser."
- dans la culture chrétienne, le cerf blanc représente le Christ ; on trouve, dans l’église de Tréhorenteuc, en Bretagne, une mosaïque représentant un cerf Blanc, entouré de 4 lions et symbolisant le Christ entouré des 4 évangélistes.

Connaissez-vous l’origine de la Saint-Hubert ?

Hubert, le Saint Patron des chasseurs était chasseur, lui-même; Il savait que, pour les chrétiens, le cerf devait à sa noblesse d'être l'animal privilégié de Notre Seigneur Jésus-Christ; pourtant il se réjouïssait d'entendre le cerf gémir, lorsque les chiens le tiennent rendu, et, en lui trouant le flanc avec l'épieu, sa main ne tremblait pas le moins du monde. Hubert attendait même, avec grande impatience, qu'il lui fut donné de rencontrer le fameux et presque introuvable cerf blanc, mais pour le seul fait de sa grande rareté, et non parce que sa mort octroyait au chasseur, comme chacun le savait de père en fils en Ardenne, le droit de baiser à son choix les lèvres de la plus douce et mignonne pucelle.
Un jour d'hiver, Hubert partit a cheval pour la chasse, et comme il commençait à chasser, un cerf dix-cors, entièrement blanc, d'une taille extraordinaire, bondit d'un fourre et s'élança devant lui. Après plusieurs heures de poursuite, le cerf blanc s'arrêta net. Dans une vision de lumière, Hubert vit entre les bois du cerf l'image du Crucifié et il entendit une voix qui lui disait :
- Hubert ! Hubert ! Jusqu'à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts ? Jusqu'à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton Ame ?
- Hubert, saisi d'effroi, se jeta à terre et, comme Saint Paul, il interrogea la vision :
- Seigneur ! Que faut-il que je fasse ?
Abandonnant palais et richesses, reconçant à toutes les vanités de ce monde, Hubert se retira à Andage, au cœur des Ardennes belges, dans les bois de Chamlon, ou Notre Seigneur s'était montré à lui dans les ramures d'un cerf blanc, sous la forme d'une croix étincellante.
C’est alors qu’il consacra sa vie entière à l’église et cessa de chasser.
Or, un jour, le troisième du mois de novembre, longtemps après la mort de Saint-Hubert, deux seigneurs ardennais chassaient dans la partie de la forêt voisine de Andage. Ils firent le voeu d'offrir au saint le premier animal qu'ils tueraient. Immédiatement leurs chiens lancèrent un sanglier énorme, qui entraina meute et chasseurs jusque sous les murs même du monastère de saint Hubert. Là, le sanglier s'arrêta, sans tenir tête, comme s'il s'offrait volontairement aux coups des chasseurs, qui en effet, ne le manquerent pas. Mais oubliant la promesse qu'ils avaient faite, les seigneurs donnèrent l'ordre d'emporter le sanglier. Celui-ci, aussitot, se dressa, puis bondit, passa entre les chiens et disparut aux yeux des chasseurs remplis d'épouvante et de remords.

Et, depuis cette époque, le trois novembre est réservé à la fête de Saint-Hubert.

Les traditions du cerf-volant intimement liées à "Matariki"

Il existe des liens hautement symboliques entre la tradition ancienne du cerf-volant Māori et "Matariki" : ils sont historiquement inséparables. Les cerfs-volants étaient considérés comme un lien entre ciel et terre.

"Matariki" est un petit faisceau d’étoiles, également connu sous le nom de Pléiades.
Pour les Māoris, l’apparition de "Matariki" et "Puanga" (Rigel) est le signal de la fin d’une année et du commencement d’une nouvelle.

Traditionnellement pour le Māori, l‘apparition de "Matariki" signale le moment de célébrer le Nouvel An. Chaque année, vers la fin du mois de mai, "Matariki" apparaît à l’aube, sur l’horizon, au même endroit que le soleil levant. Les célébrations du Nouvel An Māori prennent place lors de la nouvelle lune suivante.

Autrefois, les célébrations du "Matariki" avaient lieu après la moisson et le stockage des récoltes. Dans le temps de répit entre deux saisons de travaux des champs on organisait de grands repas (hakari) et des fêtes (Nga-Mahi-a-te-Rehia) qui duraient plusieurs semaines.

Voici les dates du Nouvel An Māori pour les 9 années à venir : elles fixent les célébrations du "Matariki" :



Symboles de Kernunos

- Cerf
- Char
- Cheval
- Finn
- Kernunos
- Licorne
- Points Cardinaux
- Soleil
- Eclipse

Jean Markale et Kernunnos

Ce texte est tiré de Carnac et l’énigme de l’Atlantide page 298:

“ Reprenons le mythe de fondation de Carnac: c’est bien entendu la légende de saint Kornéli changeant les soldats romains en blocs de pierre. La légende est très christianisée. Elle paraît parfaitement inoffensive. Le tout est de savoir qui se cache derrière saint Kornéli.
Nous avons déjà admis que Kornéli recouvrait le dieu celtique - mais pré-indo-européen - connu sous le nom de Kernunnos, le dieu cornu. Nous avons dit que le saint chrétien avait conservé de ses attributs primitifs les cornes du taureau à côté duquel il est toujours représenté.
Les cornes sont d’une très grande importance pour mesurer la portée du symbole. C’est un signe de puissance, d’ailleurs souvent représenté dans les pétroglyphes des tertres mégalithiques, et non sans raison. Mais c’est aussi un signe de communication avec ce qui est en haut. Ne pouvant mettre de cornes à saint Kornéli, on a placé un taureau à ses côtés. Mais là aussi, ce n’est pas sans raison. Car la légende locale l’explique d’abord par le fait qu’en étant poursuivi par ses ennemis, Kornéli se trouvait dans un char tira par deux boeufs. Il était donc normal de le représenter avec un bovin.
Allons cependant plus loin. Cette pieuse explication ne peut convaincre personne. S’il y a un taureau, c’est que ce taureau signifie quelque chose. Et, tout naturellement, on pense au culte de Mithra, ce dieu solaire qui, d’après sa tradition, sacrifiait un taureau et versait le sang de l’animal sur ses fidèles pour les régénérer. Le taureau est donc un animal solaire, symbolisant ces hautes énergies qui proviennent du soleil, que l’on capte avec prudence - seul peut le faire un dieu comme Mithra, ou tout prêtre qui le représente - et que l’on répartit ensuite sur les fidèles. Dans cette optique, Kornéli est une sorte de dieu-prêtre, analogue à Mithra, qui concentre en lui les énergies qui viennent d’en haut et qui s’en sert pour arrêter ses ennemis, transformant ceux-ci en pierres. C’est donc qu’il avait acquis, ce faisant, de redoutables pouvoirs. C’est donc qu’en passant sur la terre de Carnac, il avait su capter les énergies supérieures. Traduit dans un contexte chrétien, cela donne évidemment la prière adressée par le saint à Dieu et l’intervention de Dieu sous forme de miracle.
Mais cette métamorphose des soldats romains en pierres levées sacralise du même coup lesdites pierres: elles sont des être humains figés, mais elles n’en conservent pas moins leur valeur d’origine, valeur occultée, secrète. En quelque sorte, Kornéli s’est servi de l’énergie d’en haut pour atomiser ses ennemis, pour les immobiliser, pour les mettre en attente dans une dormition qui durera pendant des siècles. Mais il aurait pu se servir tout autrement de cette énergie ainsi captée des étoiles. Le taureau représenté auprès de lui est là pour nous dire: saint Kornéli a le pouvoir de capter ces forces invisibles, par les cornes du taureau, et il est donc capable de protéger ou de détruire qui il veut. A ce titre, il est Kernunnos, le dieu qui procure l’abondance, parce que l’abondance ne peut être réalisée que s’il y a captage effectif de toutes les énergies du ciel par la terre, que s’il y a mariage sacré entre le ciel et la terre. Voilà pourquoi les fidèles chrétiens prient saint Kornéli de protéger leurs bêtes à cornes, source principale de leurs revenus.

Symbolisme du Cerf

Texte 1

Par sa haute ramure, qui se renouvelle périodiquement, le cerf est souvent comparé à l’arbre de vie. Il symbolise la fécondité, les rythmes de croissance, les renaissances. On retrouve ces valeurs aussi bien dans les ornements de baptistères chrétiens que dans les traditions musulmanes, altaïques, Maya, Pueblo, etc. Il est une image archaïque de la rénovation cyclique.

Les Indiens d’Amérique manifestent dans les danses et dans leurs cosmogonies ce lien du cerf et de l’arbre de vie: l’association qui unit étroitement le pin à l’espèce des cervidés (danses du cerf autour d’un conifère érigé sur la Plaza) peut n’être en partie que simple imagerie forestière ; mais il n’est pas improbable que, beaucoup plus profondément, elle contienne le symbolisme qui associe le cerf non seulement à l’est et à l’aube, mais aussi aux débuts de la vie apparue à la création du monde. ... Dans plus d’une cosmogonie amérindienne c’est l’élan ou le daim qui fait surgir à l’existence, par ses abois, la vie créée, et parfois dans l’art indien l’arbre est représenté comme sortant des Cornes fourchues de l’animal, comme dans la tradition européenne de la vision de saint Hubert.

L’effigie sacrée du Dieu Soleil des Hopis (Pueblos de l’Arizona) est taillée dans une peau de daim. Au XVIe siècle, chez les Indiens de Floride, lors de la célébration de la fête du Soleil, au printemps, un poteau était érigé au sommet duquel on élevait la peau d’un cerf arrachée à un animal capturé en cérémonie ; auparavant on l’emplissait de végétaux pour lui donner forme et on la décorait de fruits et de plantes suspendus. Cette image était orientée vers le Soleil levant et la danse se tenait autour d’elle accompagnée de prières pour une saison d’abondance. Une coutume analogue pour la fête du printemps est signalée chez les Timucua par W.Krickeberg.

Le cerf est aussi l’annonciateur de la lumière, il guide vers la clarté du jour. Voici un extrait d’un chant des Indiens Pawnees en l’honneur de la lumière du jour: Nous appelons les enfants. Nous leur disons de s’éveiller... Nous disons aux enfants que tous les animaux sont éveillés. Ils sortent des gîtes où ils ont dormi. Le Cerf les conduit. Il vient du sous-bois où il demeure, menant ses petits vers la Lumière du Jour. Nos coeurs sont joyeux.

Dans d’autres traditions, cette valeur prendra toute son ampleur cosmique et spirituelle. Le cerf apparaîtra comme le médiateur entre le ciel et la terre, comme le symbole du soleil levant et qui monte vers son zénith. Un jour, une croix apparaîtra entre ses bois et il sera devenu l’image du Christ, le symbole du don mystique, de la révélation salvique. Messager du divin, il appartient alors à cette chaîne de symboles que nous verrons maintes fois soudés ensemble: l’arbre de vie, les cornes, la croix.

Le cerf est encore un symbole de vélocité, mais aussi de crainte. Animal consacré, dans l’Antiquité classique, à Diane (Artémis), la vierge chasseresse, il évoque de façon presque similaire les Jâtaka bouddhiques. Le cerf d’or n’y est autre que le Bodhisattva lui-même, sauvant les hommes du désespoir, apaisant leurs passions. Les gazelles de Bénarès (symbol du premier sermon) sont aussi des cerfs: la force sauvage (Wang-tchou), c’est la puissance de l’Enseignement et de l’Ascèse du maître, qui se répand avec la rapidité d’un coursier et n’est pas sans inspirer par ses difficultés une certaine crainte.

Le cerf d’or se retrouve dans les légendes cambodgiennes mais le caractère solaire de l’animal y apparaît sous un aspect maléfique. Comme c’est souvent le cas, l’animal solaire est mis en rapport avec la sécheresse ; il faut, pour obtenir la pluie, tuer le cerf, et c’est le but de la danse du trot, si populaire au Cambodge, dans la région d’Angkor notamment. On ajoute, en d’autres contrées, que la pénétration du cerf dans un village annonce l’incendie et oblige à quitter les lieux. La même idée du cerf néfaste et porteur de sécheresse est connue de la Chine antique. On notera avec intérêt qu’Origène fait du cerf l’ennemi et le pourchasseur de serpents (c’est-à-dire l’ennemi du mal, expressèment le symbole du Christ) ; mais le serpent est l’animal de la terre et de l’eau, à quoi s’oppose l’animal du ciel et du feu. Le cerf est comme l’aigle, dévoreur de serpent, signe éminemment favorable, mais bipolaire, car il détruit le feu, la sécheresse asphyxiant tout ce qui vit dans l’eau.

Saint Jean de la Croix attribue aux cerfs et aux daims deux effets différents de l’appétit concupiscible, l’un de timidité, l’autre de hardiesse, fonction de l’attitude supposée de ces animaux en face de leurs désirs.

Les innombrables cerfs et biches en liberté, à Nara, au contraire, par leur totale absence de crainte, évoquent une sorte de retour à la pureté primordiale, qui comporte la familiarité des animaux. Le daim a la particularité de poser ses sabots de derrière dans l’empreinte des sabots de devant: ce qui symbolise la manière dont on doit suivre la voie des Ancêtres ; on touche ici au symbolisme de la chasse.

Il existe encore d’autres significations, d’intérêt moindre, comme l’attribution par les Chinois au bois de cerf d’une vertu aphrodisiaque. Ce qui n’est pourtant pas indifférent, dans la mesure où cette drogue est censée nourir le yang : nous nous approchons des techniques d’immortalité. On trouve aussi mention d’un symbole de longévité, mais surtout de prospérité, fondé sur les habituels calembourgs populaires, car lou signifie à la fois cerf et émoluments. Quand il est ainsi l’image de rémunération, il est généralement accompagné d’un pin (longévité) et d’une chauve souris (bonheur).

Dans l’iconographie mythologique gréco-romaine, les cerfs sont attelés au char de la déesse Artémis (Diane), qui les dirige avec des rênes d’or. Sans doute doivent-ils ce privilège à leur agilité. Diane de Poitier, souvent représentée en compagnie d’un cerf, avec une devise, qui pourrait être celle de la déesse chasseresse: quodcumque petit consquitur (elle obtient tout ce qu’elle désire).

Un signe net de l’importance du cerf dans la symbolique celtique est la fréquence relative de son apparition dans l’iconographie ou la légende. Une divinité gauloise porte le nom de Cernunnos, celui qui a le sommet du crâne comme un cerf. Elle est représentée sur le chaudron d’argent de Gundestrip, assise dans la posture bouddhique, tenant d’une main un torque et de l’autre un serpent, entourée d’animaux les plus divers, et notamment d’un cerf et d’un serpent: peut-être faut-il voir dans ces bois de cerf surmontant la tête du dieu un rayonnement de lumière céleste. (voir Corne)

Un autre monument remarquable est celui de Reims où Cernunnos est représenté en dieu de l’abondance. On en connaît plusieurs autres. Cependant, il semble bien que le dieu doive être compris comme le maître des animaux. En Irlande, le fils du grand héros du cycle ossianique, Find, s’appelle Oisin (faon), tandis que saint Patrick se métamorphose et métamorphose ses compagnons en cerfs (ou en daim) pour échapper aux embûches du roi païen Loegaire: il s’agit ainsi en vertu de l’incantation ou procédé magique appelé feth fiada, lequel procurait normalement l’invisibilité. Le symbolisme du cerf dans le monde celtique est donc très vaste et il a trait certainement aux états primordiaux. Faute d’une étude d’ensemble, on doit provisoirement se borner à relever le symbolisme de longévité et d’abondance. Les Gaulois employaient de nombreux talismans, en bois de cerf, et on a noté, en Suisse, dans des tombes alémanes des ensevelissements de cerfs à côté de chevaux et d’hommes. On a rapproché le fait des masques de cerf dont étaient munis des chevaux sacrifiés dans des kourganes de l’Altaï aux Vième et Viième siècles avant notre ère. En Bretagne armoricaine, saint Edern est représenté chevauchant un cerf.

Comme le renne, le chevreuil, le cerf semble avoir joué un rôle de psychopompe dans certaines traditions européennes, notamment chez les Celtes: le Morholt d’Irlande, oncle d’Yseult, occis par Tristan en un combat singulier, est dépeint gisant mort cousu dans une peau de cerf.

Le cerf est souvent associé à la gazelle dans l’Ecriture Sainte. A propos de leur relation, Origène remarque que la gazelle possède un oeil perçant et que le cerf est tueur de serpents et les fait sortir de leurs trous grâce au souffle de ses narines. Origène compare le Christ à une gazelle selon la theoria et à un cerf selon ses oeuvres, la praxis (Homélie III sur le Cantique des Cantiques).

Chez les anciens Hébreux, le mot cerf, ‘ayyâl, dérive du terme ‘ayîl signifiant bélier ; le cerf est souvent considéré comme une sorte de grand bélier ou plutôt de bouc sauvage, d’où les diverses traductions de la Vulgate.

Le cerf symbolise la rapidité, les bonds. Quand il a soif et quand il cherche une compagne son appel rauque et sauvage apparaît irrésistible ; d’où sa comparaison avec le Christ appelant l’âme, et l’âme-épouse recherchant son époux. Le cerf symbolise aussi bien l’Epoux divin, prompt et infatigable à la poursuite des âmes, ses épouses, que l’âme elle-même recherchant la source où se désaltérer.

Certaines oeuvres d’art ont fait du cerf le symbole du tempérament mélancolique, en raison sans doute de son goût pour la solitude. On trouve parfois un cerf atteint d’une flèche, avec dans la bouche une herbe dont il attend la guérison. La légende nous laisse entendre que son mal est incurable, malum immedicabile. Il s’agit évidemment d’un mal d’amant, et la source est Ovide qui, dans ses Métamorphoses (1, 523), fait dire à Apollon, quand Daphné lui échappe: Malheur à moi, dont l’amour ne saurait être guéri par aucune herbe.

Des écrivains et des artistes ont fait du cerf un symbole de prudence, parce qu’il fuit dans le sens du vent qui emporte avec lui son odeur, et qu’il reconnaît d’instinct les plantes médicinales. Symbole aussi d’ardeur sexuelle: il figure près du couple d’Aphrodite et d’Adonis, près de Suzanne au bain, épiée par les vieillards, etc ; de l’ouïe parce que, les oreilles dressées, il ne peut être approché sans qu’il entende le bruit ; de la poésie lyrique, parce qu’il se trouve auprès de la muse Erato qu’il aime ; de la musique au point de se coucher pour l’écouter et parce que ses bois sont en forme de lyre.

Le cerf ailé peut signifier la promptitude dans l’action. Mais si l’on interprète l’image en fonction de la symbolique de l’aile, c’est toute la symbolique du cerf qui se trouve alors élevée au niveau de la spiritualité: la prudence du saint, l’ardeur à s’unir à Dieu, l’attention à la parole et au souffle de l’Esprit, la sensibilité à la présence de Dieu.

Souvent associé à la licorne, le cerf est le symbole du mercure philosophal. Une planche du chef-d’oeuvre de Lambsprinck, (XIVième) la pierre philosophale, nous montre les deux animaux face à face dans un sous-bois. Le poème accompagnant cette troisième figure révèle que le cerf symbolise le Mercure (aspect masculin) et l’Esprit ; la licorne est le Soufre (aspect féminin) et l’âme, tandis que la forêt est le Sel et le corps.

Texte 2

Le cerf est l’un des animaux symboliques les plus importants des anciennes cultures du monde. Il semble avoir souvent formé, avec le taureau, un couple d’opposés mythico-cosmologique comparable, d’après l’hypothèse d’historiens français, à celui que forment le cheval et le boeuf sauvages dans l’art des cavernes de la période glaciaire. Grâce à sa ramure comparable à un arbre, et qui se renouvelle périodiquement, le cerf passait déjà alors pour un symbole de la vie qui se perpétue, du renouveau et du passage du temps. Dans l’ancienne mythologie nordique, quatre cerf broutent, à la cime de l’arbre du monde Yggdrasil, les bourgeons (les heures), les fleurs (les jours) et les rameaux (les saisons). La ramure du cerf symbolise également les rayons du soleil. - Dans l’Antiquité, le cerf passait pour hostile aux serpents venimeux, et son pelage constituait une amulette de protection contre leurs morsures. La poudre de bois de cerf protégeait aussi les semences des intempéries. Dans l’ancienne Chine, étant donnée l’analogie phonétique de son nom avec le mot qui signifie richesse, le cerf passait pour un symbole de l’aisance. Il était en outre symbole de la piété filiale : une histoire très connue raconte qu’un jeune homme avait dû revêtir une peau de cerf pour recueillir du lait de biche, et guérir ainsi ses parents aveugles. Le cerf d’or est une manifestation du Bouddha libéré, revenant parmi les hommes pour les délivrer de la force et de l’aliénation de leurs sentiments contradictoires et leur faire ainsi connaître la paix de l’âme propice à la méditation, à la sagesse et à la connaissance. Au Cambodge, cette même image du cerf d’or, rappelant l’ardeur et les brûlures du soleil, est au contraire très négative: il devient symboliquement urgent de s’en débarrasser - c’est-à-dire de le tuer - pour bénéficier des bienfaits de la pluie. Le cerf est enfin le compagnon du dieu de la longévité, Shouhsing. - L’iconographie chrétienne se fonde largement, pour le cerf, sur le Psaume 62 de David: “ Comme une biche se penche sur des cours d’eau, ainsi mon âme penche vers toi, mon Dieu. ” Dans le Physiologus du christianisme primitif, le cerf crache de l’eau dans les crevasses où se cachent les serpents ; il les en fait ainsi sortir puis les piétine. “ De même notre Seigneur frappe le serpent, qui est le Diable, avec l’eau du ciel... Les ascètes aussi ressemblent au cerf. Par les larmes du repentir, ils étouffent les flèches de feu du Malin, écrasent le grand serpent, le Diable, et le tuent ”. Si le cerf sait tirer les serpents de leur trou, il sait aussi se protéger de leur venin en buvant de l’eau de source durant trois heures, après quoi il vit encore cinquante ans. “ Si le serpent, c’est-à-dire le péché, est dans ton coeur, cours aux sources d’eau vive, aux veines de l’écriture sainte, et bois l’eau de la vie... mais ne succombe pas au péché ”. - Le bestiaire du Moyen Age (bestiarum) répète les mêmes enseignements, mais ajoute encore que les cerfs auraient découvert l’effet magique du dictame (dictamnus) dont ils font usage pour se défaire des flèches qui se sont fichées dans leur peau, et cicatriser leurs blessures. Lorsque des cerfs traversent un cours d’eau, ils “ posent leur tête sur la croupe de celui qui nage devant eux pour alléger leur poids. Arrivent-ils dans un endroit sale, ils s’éloignent rapidement. De même, les chrétiens doivent s’aider et se supporter mutuellement ; ils doivent s’éloigner des lieux où règne le péché et, quand ils subissent la morsure diabolique du serpent, accourir vers le Christ, la source vraie, pour se confesser et se purifier ” (Unterkircher). On lit aussi que le bois de cerf constitue un puissant remède: la ramure droite, plus efficace que la gauche, chasse les serpents lorsqu’on la brûle. La viande de cerf fait tomber la fièvre, de même que l’onguent que l’on tire de sa moëlle. - En héraldique, le cerf est le symbole “ de la douceur et de l’indulgence, car il est dépourvu de fiel, ce qui explique sa longévité, qui est d’une centaine d’années ” (Bökler, 1688). On y représente également la ramure seule qui est “ un signe de puissance ”. La symbolique du mari “ cornu ” (couronné de ramure) en découle: “ l’empereur byzantin Andronic faisait poser des cornes sur les maisons des femmes qui l’avaient honoré de leurs faveurs, donnant ainsi à leur mari le droit de chasser. C’est pourquoi il arrive que l’on représente encore les maris trompés avec des cornes. A l’époque des Galeazzi Sforza, ducs de Milan au Xve siècle, les femmes ne tenaient pas pour honteux de partager la couche de leurs souverains. En effet, leurs maris n’en étaient pas pour autant affligés de cornes infamantes, mais bien de cornes d’or, et étaient promus à de grands honneurs. ” - Dans la mythologie celte, les cerfs sont les “ bêtes à cornes des fées ”, et les messagers entre le monde des dieux et celui des hommes. Le dieu celtique Cernunnos était couronné d’une ramure de cerf, comme l’étaient les chamans des peuples primitifs. En fait, de la même façon que le cerf a formé un couple d’opposés avec le taureau, il semble qu’il ait été surtout opposé dans les pays celtiques au sanglier, où le cerf (comme le cheval) représente l’élément masculin et combatif et le sanglier le côté féminin et érotique de l’homme et de la nature. C’est ainsi que la bande de guerriers qui est chargée de veiller sur les ports de l’Irlande et qui mène une vie libre et joyeuse parmi les bois et les vallées, les fenians ou compagnons de Finn, agit sous l’autorité de ce dernier dont le véritable nom est Demné, qui signifie précisément le cerf. De sa femme la biche enchantée Sav, il aura un fils, Oisin (le daim - c’est le prototype du personnage d’Ossian tel qu’il a été restitué par MacPherson à la fin du XVIIIe siècle), qui lui-même aura un fils, Oscar, “ celui qui aime les daims ”. Pour la possession de Grainne, la fille du haut-roi de Tara, Cormac Mac Art, il poursuivra des années durant son neveu Diarmaid dont le sanglier est l’animal totem, donc aussi tabou (voir Tristan et Iseut où le cerf de Finn est remplacé par le cheval - et les oreilles de cheval du roi Marc). Comme le cheval encore, le cerf paraît avoir rempli chez les Celtes un rôle de psychopompe : c’est cousu dans une peau de cerf que, dans le roman de Tristan, le Morholt mort est ramené à la cour de sa soeur la reine d’Irlande, tandis qu’Oisin dans l’Accalam na Senorach (“ Le Colloque des Anciens ”), va rejoindre sa mère dans l’autre monde. A travers ses survivances dans la littérature galloise (l’histoire de Gereint et Enid dans les Mabinogion), puis médiévale et continentale (dans Erec et Enide de Chrétien de Troyes, par ailleurs une démarque du texte gallois), on trouve aussi la trace d’un symbole du cerf blanc qui renvoie apparemment à un ancien rituel magicoreligieux pour s’approcher de la féminité divine: “ Nous connaissons tous la coutume du Blanc Cerf. Celui qui peut le tuer doit donner un baiser à la plus belle femme de votre cour ”, déclare ainsi Gauvain à son oncle Arthur. De fait, il semble que l’invasion celte, lorsqu’elle s’est produite, a intégré dans ses propres représentations toute une partie du fond pré-indo-européen, et que le culte ou les images de cerfs y renvoient très souvent à d’antiques pratiques chamaniques - comme dans l’épisode de Suibhne Geilt, “ la folie du roi Suibhne ”, où l’on voit un souverain retourner à l’état de nature et vivre dans la compagnie des cerfs ou se saisir d’un daim pour en faire sa monture:

“ O petit porte-bois, petit qui bêles,
petit brameur harmonieux,
doux nous est ce que tu chantes
dans la vallée ! ”

ou encore:

“ petit faon, petit aux longues jambes,
je me suis saisi de toi ;
et moi je t’ai chevauché
d’un pic à l’autre:
Du tertre de Cornan le triomphant
jusqu’au pic de Sliave Niadh,
et du pic de Sliave Uilinn,
J’atteins Crota Cliach... ”

Dans l’art de symbolique du Moyen Age chrétien, on représente à l’occasion le cerf en train de grignoter une grappe de raisin, pour illustrer le fait que l’homme peut déjà sur la terre jouir des bienfaits divins. L’inclination du cerf pour les sources traduit l’aspiration du vrai chrétien à se laver de ses péchés dans l’eau baptismale:

“ Comme le cerf engloutit le serpent
puis court hardiment à l’eau fraîche
et se libère ainsi du venin
cela vaut aussi pour l’homme
qui sera libéré de ses péché
quand il se sera purifié dans l’eau du baptême ”.

C’est pourquoi le cerf figure si souvent sur les reliefs des fonts baptismaux. Les légendes de saint Eustache et de saint Hubert décrivent l’apparition d’une croix entre les bois d’un cerf qu’ils poursuivaient. D’autres saints ont également des cerfs pour attributs (Meinhold, Oswald et Procope de Bohême). - L’alchimie, en relation avec le mythe antique du chasseur Actéon qui fut changé en cerf par Diane (Artémis), envisage le cerf en tant que symbole de la transformation du métal. Le cerf est ici lié au monde féminin et “ lunaire ” de l’argent. - Dans l’Amérique centrale pré-colombienne, il existait des animaux porteurs de bois qui ressemblaient à ceux du cerf. Ils symbolisaient le septième des vingt signes quotidiens du calendrier (en aztèque: mazatl ; en maya manik). De même que ces animaux sauvages, les gens nés sous ce signe ont le goût de l’errance et des voyages et méprisent le sédentaire. - Pour le shinto Japonais, le cerf est la monture des dieux, et il fait partie des symboles divins qui sont représentés sur les kakemonos sacrés.

Religion

A propos de Cernunnos, nous avons eu l’occasion de faire allusion à l’importance du culte du cerf. L’idée que c’est l’animal des morts trouve un certain appui dans le fait que des cerfs ornent parfois l’intérieur des tombes. C’est ainsi qu’à Kreuznach, on a trouvé dans une tombe romaine ancienne des animaux, cerfs ou taureaux, en terre cuite. Mais il semble bien que cette coutume soit beaucoup plus ancienne ; preuve en soit le fait qu’on a découvert dans les îles de Téviec et Hoëdic, près de Quiberon, des tombes mésolitthiques où se trouvaient des bois de cerf posés sur les têtes des morts. On ne peut s’empêcher de penser aux bois de cerf posés sur des crânes de chevaux, qu’on a trouvés dans des tombes scythes. Il est donc certain que, très tôt, le cerf a joué un rôle important dans la religion.
Avant de tenter de dégager le sens de ce symbole, il faut savoir ce que nous en dit la littérature irlandaise. A plusieurs reprises, le cerf y joue un rôle capital. C’est surtout le cas dans le Cycle de Finn, héros du Leinster. Ses descendants s’appellent Oisin (“ faon ”) et Oscar (“ qui aime les cerfs ”). Finn lui-même porte le surnom de Demne, qui peut s’expliquer par une forme dam-nijo (“ petit cerf ”). Une partie du Leinster porte le nom d’Osraïge, que l’on peut traduire à peu près “ peuple du cerf ”. Il faut aussi penser au nom de la tribu germanique des Chéruskiens, dont le grand héros Arminius-Siegfried est caractérisé, dans les Eddas, par des liens particuliers avec le cerf. Il est dit également que des dieux irlandais comme Donn ou Mongan se métamorphosent en cerfs ; on le raconte même encore de saint Patrick. Un sage antique comme Tuan mac Caïrill se souvient d’avoir vécu, des générations auparavant, une existence de cerf. On croit, d’une manière générale, que le cerf vit plus longtemps que l’homme.
La saga de Finn contient toute une série de récits de chasse ; le plus noble gibier qu’on y nomme est le cerf. Mais cette constatation ne nous permet pas de comprendre le caractère particulier du Cycle de Finn, dont on peut dire que, d’une façon quelconque, il a été, dès le début, rattaché au cerf.
Il faut rappeler à ce propos que, même après l’implantation du christianisme, on pratiquait des processions pour lesquelles on portait des masques de cerf. Les hommes d’Eglise n’ont cessé de vitupérer le rite appelé “ cervulum (ou cervula) facere ” ; cela semble indiquer qu’ils y voyaient non pas un divertissement populaire, mais une faute grave. Césaire d’Arles va jusqu’à condamner cette coutume comme sordidissimam turpitudinem. Plus précis encore, saint Hilaire dit, au sujet d’un rite célébré, en plein VI ième siècle, au mois de janvier, dans le Gévaudan (Lozère) :
“ praefixo quidem cervi capite ad imitandum ferae formam conditionem humanam persuasionis diabolicae scelus inclinat ”. Au VIII ième siècle encore, saint Pirminius interdit de “ in cervulos et veculas (lat. vitulas) in Kalandas vel aliud tempus nolite ambulare ”.
Ces processions étaient sans doute comparables au “ Perchtenlauf ” qui se pratique en Haute-Bavière ; on suppose que les masques servaient à métamorphoser les participants en morts-démons, ceux-ci étant souvent représentés comme des animaux. Ils ne faut cependant pas oublier que le retour des morts, qui a justement lieu en juillet, a encore un autre but : assurer une bonne récolte pour l’année qui vient. C’est pourquoi d’ailleurs il a été difficile de faire renoncer les paysans à de telles coutumes : s’ils s’abstenaient de célébrer le rite, il était à craindre que la prochaine récolte fût mauvaise.
Les exemples de processions masquées que nous venons de donner suffisent à indiquer que ce rite n’était pas particulier aux pays celtes. J. Weisweiler a étudié avec un soin particulier l’extension du culte du cerf, et montré que le nord de l’Europe et de l’Asie en présente de nombreux exemples. A titre d’illustration, les Lapons, Groenlandais, Sibériaques, Samoyèdes et Mongols donnent à des constellations le nom du cerf, de l’élan ou du renne. Certains chamanes de Sibérie se déguisent en cerfs et portent des bois de cerf sur la tête. Weisweiler croit donc que le cerf est l’animal sacré d’une civilisation arctique ; cela expliquerait que nous trouvions également le symbole de cerf en Espagne et dans le Midi à l’époque glaciaire.
Dans l’Ouest de l’Europe, le cerf accompagne le taureau ; par exemple, ces deux animaux figurent l’un à côté de l’autre sur les dessins rupestres d’Ibérie et de Ligurie. La religion gauloise elle aussi connaît cette rencontre. A Reims, le dieu aux bois de cerf fait couler de sa bourse des pièces de monnaie ; un cerf et un taureau, flanc à flanc, semblent s’abreuver à ce ruisseau. Sur le chaudron de Gundestrup, un chien, un cerf et un taureau se tournent vers Cernunnos. Sur un bas-relief de Differdingen également, un taureau et un cerf se rencontrent.
J. Weisweiler croit pouvoir affirmer qu’en Europe occidentale, deux grands courants de civilisation ont conflué : une civilisation arctique du cerf et une civilisation méditerranéenne du taureau. La chose est possible. Il est très frappant, par exemple, que les mots irlandais oss, dam et ag, s’ils désignent dans la saga de l’Ulster le boeuf, signifient “ cerf ” dans celle de Leinster ; en irlande donc, aussi, les deux civilisations en question semblent s’être rencontrées ; mais, curieucement, elles ont subsisté indépendamment l’une de l’autre : le cycle de l’Ulster est centré sur le taureau, celui de Leinster sur le cerf.
Dans la civilisation arctique, le cerf était adoré parce qu’il était l’animal le plus chassé. Bien entendu, cela ne signifie nullement qu’il faille parler d’un dieu-cerf ; il est suffisant de dire que cet animal passait pour être particulièrement sacré. Ce culte du cerf a survécu à la civlisation paléolithique, mais aura certainement pris un sens nouveau pour le monde agricole du néolithique. On peut dire quelles transformations il a subies avant de s’insérer enfin dans le polythéisme celte ; mais on peut bien supposer que le cerf n’y était plus simplement le noble animal que l’on chasse : il était désormais chargé de symboles. Néanmoins, la Saga de Finn prouve qu’il a conservé longtemps son caractère d’animal chassé.
On ne peut donc dire avec certitude quelle était la signification du cerf pour les Gaulois. En faire un psychopompe me paraît décidément trop restreint ; on peut expliquer autrement sa présence dans le mobilier funéraire ; d’ailleurs, on a trouvé dans ces tombes, en plus du cerf, le taureau. On peut penser que le Glorieux attribut du mâle, ses bois, symbolisaient le pouvoir masculin d’engendrer ; il pouvait alors s’y rattacher les idées de longévité, voire d’éternité. Mais ce ne sont là que suppositions.
Comme beaucoup d’autres, ce symbole était sans doute ambivalent. L’autel de Reims indique nettement que le dieu aux bois de cerf dispensait la richesse. Cette idée elle aussi remonte peut-être à la civilisation de la chasse : le cerf était la principale source de nourriture des hommes de cette époque ; là où il faisait défaut, c’était la famine ; là où il prospérait, on vivait dans l’abondance.
Il faut également rappeler que le cerf est parfois un symbole solaire ; ici encore, l’idée est celle d’une divinité dispensant des biens. Je ne crois pas qu’il faille mettre trop en avant des rapports avec le monde inférieur. Le cerf était une source de richesse, d’abondance. Si l’on portait comme amulettes des disques en cornes de cerf, c’est parce qu’on en espérait quelque bienfait. La corne de cerf a longtemps passé pour avoir des vertus médicinales ; elle détournait les Puissances mauvaises. On fera donc bien de prendre en un sens très large la signification religieuse du cerf. Je crois que l’élément central de sa nature est une abondance bénéfique qui concerne les domaines les plus variés.

Symbolisme de la Corne

Texte 1

La corne a le sens d'éminence, d'élévation. Son symbolisme est celui de la puissance. C'est d'ailleurs, d'une façon générale, celui des animaux qui la portent. Ce symbolisme est lié à Apollon-Karneios, à Dionysos ; il fut utilisé par Alexandre le Grand qui prit l'emblème d'Amon, le bélier, que le Livre des Morts égyptien nomme Seigneur des deux cornes. On le retrouve aussi dans le mythe chinois du terrible Tch'e yeou à la tête cornue, et que Houang-ti ne put vaincre qu'en soufflant dans une corne. Houang-ti utilisa le drapeau de son rival, portant son effigie cornue et détenant sa vertu, pour imposer son propre pouvoir. Les guerriers de divers pays (et notamment les Gaulois) ont porté des casques à cornes. La puissance des cornes n'est d'ailleurs pas seulement d'ordre temporel.

Les cornes de Bélier, note Guénon, sont de caractère solaire, les cornes de taureau de caractère lunaire. Il est de fait que l'association de la lune et du taureau est bien connue des Sumériens et aussi des Hindous. Une inscription du Cambodge désigne la lune comme une corne parfaite (voir croissant) insiste sur l'aspect cornu du taureau de Civa. Le Mahâbhârata parle de la corne de Civa, car Civa s'identifie à sa monture, Nandin.

Les cornes des bovidés sont l'emblème de la Magma Mater divine. Partout où elles apparaissent, dans les cultures néolithiques, soit dans l'iconographie, soit sur des idoles de forme bovidée, elles marquent la présence de la Grande Déesse de la fertilité. Elles évoquent des prestiges de la force vitale, de la création périodique, de la vie inépuisable, de la fécondité. De là, elles sont venues à symboliser la majesté et les bien-faits du pouvoir royal. A l'instar de Dionysos, Alexandre le Grand fut représenté avec des cornes, pour symboliser sa puissance et son génie, qui l'apparentaient à la nature divine et qui devaient assurer la prospérité de son empire.

Si la corne relève le plus souvent d'un symbolisme lunaire, donc féminin (corne de taureau), elle peut aussi devenir un vecteur symbolique solaire et mâle (corne du bélier). C'est ce qui explique qu'elle apparaisse souvent comme un symbole de la puissance virile et cet autre aspect du symbole concerne bien entendu aussi le cas d'Alexandre le Grand.

Marie Bonaparte note qu'en hébreu queren signifie à la fois corne, puissance, force ; de même en sanscrit linga et en latin cornu. La corne non seulement par sa force est suggestive de puissance, mais par sa fonction naturelle est image de l'arme puissante (en argot italien, le pénis s'apelle corno).

La Puissance vient s'unir à l'agressivité: Agni possède des cornes impérissables, aiguisées par Brahma lui-même, et toute corne finit par signifier puissance agressive du bien comme du mal... Dans cette conjonction des cornes animales et du chef politique religieux (chef iroquois, Alexandre, Chaman sibériens, etc.) nous découvrons un procédé d'annexion de la puissance par appropriation magique des objets symboliques... La corne, le trophée,... est exaltation et appropriation de la force. Le soldat romain victorieux ajoute un corniculum à son casque...

Soleil et lune, eau et feu apparaissent conjointement dans les croyances des Dogon bien qu'elles soient le plus souvent imprégnées d'un symbolisme lunaire, avec le mythe d'un bélier céleste, portant entre ses cornes une Calebasse (Courge) , qui n'est autre que la matrice solaire. Ses cornes, qui sont des testicules, servent à maintenir cette calebasse, qu'il féconde au moyen d'un pénis dressé sur son front, tandis qu'il urine les pluies et les brouillards qui descendent féconder la terre. Ce bélier se déplace sur la voûte céleste avant les orages, pendant la saison des pluies. C'est le bélier d'or, mais sa toison est faite de cuivre rouge, symbole de l'eau fécondante. Dans une variante du mythe, elle est faite de feuilles vertes - où l'on retrouve l'analogie symbolique des couleurs vert et rouge.

Suivant une légende peule, l'envergure des cornes noueuses du bouc mesure sa virilité.

Certains costumes chamaniques sibériens sont ornés de ramures, généralement de fer, imitant les ramures des cervidés. Ces attributs semblent jouer un rôle équivalent à celui des ailes du grand-duc qui ornent les costumes chamaniques altaïens et notamment chez les Toungouses, les Samoyèdes et les Iénisséens.

Dans les traditions juives et chrétiennes aussi, la corne symbolise la force et possède le sens de rayon de lumière, d'éclair. D'où le passage d'Habakuk (3, 4-5) parlant de la main de Dieu d'où jaillissent des éclairs (des cornes):

Son éclat est pareil au jour,
des rayons jaillissent de ses mains.
C'est là que se cache sa force.

Quand Moïse descendit du Sinaï, son visage lançait des rayons (Exode, 34, 29, 35). Les termes rayons sont traduits au sens propre par cornes dans la Vulgate. C'est pourquoi les artistes du Moyen Age représentèrent Moïse avec des cornes au sommet du visage. Ces deux cornes ont l'aspect du croissant lunaire. Les quatre cornes de l'autel des holocaustes placées dans le temple désignent les quatre directions de l'espace: c'est-à-dire l'étendue illimitée de la puissance de Dieu.

Dans les Psaumes, la corne symbolise la force de Dieu qui est la plus puissante défense de ceux qui l'invoquent:

Je m'abrite en lui mon rocher,
mon bouclier et ma corne de salut, (Psaumes, 18, 4).

elle symbolise aussi la force altière et agressive des arrogants, dont Yahvé rabat la prétention:

... Ne levez pas la corne,
ne levez pas si haut votre corne,
ne parlez pas en raidissant l'échine. (Psaumes, 75, 6).

aux justes, au contraire, Dieu confèrera la force:

Je ferai germer une corne pour David. (Psaumes, 132, 17).

Le mot cornes est parfois employé pour désigner les branches transversales de la croix ;

Dans les traditions celtiques, à deux ou trois reprises, les textes mythologiques ou épiques mentionnent un personnage, Conganchnes à peau de corne, totalement invulnérable, sauf pour la plante des pieds. La corne symboliserait ici, par sa dureté propre, une force défensive comme le bouclier.

Les cornes, dans l'analyse contemporaine, sont considérées aussi comme une image de divergence pouvant, à l'égal de la fourche, symboliser l'ambivalence et, à ce titre, des forces régressives: le diable est représenté avec des cornes et des sabots fourchus. Mais, en revanche, elles peuvent aussi être un symbole d'ouverture et d'initiation, par exemple dans le mythe du bélier à toison d'or. Jung perçoit une autre ambivalence dans le symbolisme des cornes : elles représentent un principe actif et masculin par leur forme et leur force de pénétration ; un principe passif et féminin, par leur ouverture en forme de lyre et de réceptacle. En réunissant ces deux principes dans la formation de sa personnalité, l'être humain, s'assumant intégralement, parvient à la maturité, à l'équilibre, à l'harmonie intérieure, ce qui n'est pas sans rapport avec l'ambivalence solaire-lunaire ci-dessus évoquée.

Texte 2

Les cornes sont une des caractéristiques majeures des taureaux divins. Si ces derniers sont anthropomorphes, elles peuvent aussi être représentées seules (comme les cornes cultuelles de l'ancienne Crète, entre lesquelles on plantait souvent la bipène), et prennent dans ce cas une valeur symbolique plus précise. Les cornes, pour les têtes qui en sont pourvues, sont d'abord des armes qui traduisent leur force et leur agressivité. Elles expriment aussi la puissance des divinités, comme chez le buffle sauvage que l'on trouve dans l'art rupestre postglaciaire de l'Afrique du Nord, et qui porte un disque solaire entre les cornes - comme Hator, la déesse du Ciel de l'ancienne Egypte qui se présente souvent sous les traits d'une vache. Le dieu Amon (en égyptien Amun ) a été, dans des temps encore plus reculés, représenté dans l'oasis de Siwa avec des cornes de bélier: c'est de là que certains fossiles, qui affectent la même forme, les ammonites (cornes d'Amon), tirent leur nom. Après une visite au temple de Siwa, Alexandre le Grand se présenta, muni de cette parure de cornes comme on peut le voir sur de nombreuses effigies, comme le "fils de Zeus-Amon". - On parle dans la Bible d'autels munis de cornes aux extrémités recouvertes de métal. On les enduisait du sang des animaux sacrifiés. Quand ils atteignaient le temple et pouvaient toucher ces cornes, les prévenus y trouvaient asile. Quand Yahvé casse les cornes des autels et les fait tomber à terre (Amos 3, 14), il manifeste ainsi son courroux. La traduction du passage de l'Exode (34, 29 et suivants), selon laquelle Moïse portait des cornes (karan) sur le mont Sinaï, est controversée. L'orientaliste A. Jirku a en effet démontré l'existence de masques à cornes, prélevées sur des crânes d'animaux, que l'on connaissait déjà dans l'ancienne Palestine. La Vulgate fait également mention d'une facies cornuta, d'un visage cornu: c'est ainsi que la statue de Moïse par Michel-Ange est pourvue de cornes. Mais de nouvelles traductions de la Bible interprètent plutôt ce mot comme signifiant "rayons de lumières". Il ne faut pas oublier ce qu'on dit à ce propos dans les rituels chamaniques des Yakoutes sibériens, à savoir que, dans les anciens temps, les prêtres en transes "mugissaient comme des taureaux, et de pures et transparentes cornes leur poussaient sur la tête" (Ksenokov). La Bible mentionne encore la corne comme symbole de la puissance divine, et dans l'iconographie chrétienne, le Diable est cornu (il porte des cornes de bouc). - Les cornes peuvent servir de récipients à la boisson sacrificielle, et on été très répandues sous cette forme dans le domaine cultuel. Les saints Hubert, Oswald et Eustache possèdent pour attributs des cornes de chasse, de même que saint Cornelius, dont le nom provient de cornu en latin. La parure de plumes des Indiens d'Amérique du Nord était souvent pourvue, sur les côtés de la tête, d'une paire de cornes de bison. Elles étaient soigneusement raclées puis polies ; les porter était lourd de sens: "On ne porte cette coiffure à cornes que dans des occasions rares et précices... (Cet usage n'est) permis qu'à celui dont la bravoure est reconnue de toute la tribu, et dont la voix au conseil pèse autant que celle d'un chef de premier rang... Cette coiffure présente une ressemblance frappante avec le costume judaïque, c'est-à-dire avec les cornes que portaient, en signe de puissance, les chefs de tribu abyssins et les Hébreux lors de grandes processions et des fêtes en l'honneur de la victoire" (Georges Catlin, 1796-1872). Le célèbre peintre des moeurs indiennes faisait là allusion au passage du Premier Livre des Rois (22, 11): "Sédécias, fils de Kenaana, s'étant fait des cornes de fer, dit: "Ainsi parle le Seigneur: Avec ces cornes, tu enfonceras Aram jusqu'à l'achever !" - Contrairement à une opinion largement répandue, les cornes, et particulièrement les cornes de taureau, ne sont pas toujours associées au soleil et à un régime masculin de la divinité. Il semble bien en effet que, à l'aube de l'histoire, et dans les principales civilisations agricoles, les cornes de taureau aient été intimement liées à la lune, le taureau lui-même apparaissant comme l'animal favori de la grande déesse-mère (en grec, la Potnia theron: la maîtresse des animaux). C'est ainsi que l'on voit, par exemple, dans les peintures pariétales de çatal Huyuk, en Turquie, la déesse, les jambes écartées et le ventre saillant, donner naissance à des taureaux alors que des bucranes d'argiles sont superposés sous elle et, à l'évidence, procèdent d'elle. Plusieurs milliers d'années plus tard, dans les palais minoens de Crète, le culte du taureau et le symbolisme multiplié de ses cornes sont là aussi en relation avec la puissance de la lune et la figure de la femme et de la mère divine. On peut voir là un rappel de la partition préhistorique du masculin et du féminin entre le cheval et le taureau (A. Leroi-Gourhan), ce qui expliquerait la survivance des cornes lunaires du taureau, même si elles sont devenues masculines au cours de l'évolution, aussi bien chez "le taureau des étoiles" égyptien que chez le taureau de Shiva qui est décrit d'une façon insistante comme cornu ; par métonymie, Shiva est parfois indiqué comme portant une corne parfaite qui est elle-même le croissant de la lune. - N'est-ce pas tout simplement, comme le remarque C.G. Jung, que la forme de la corne, et particulièrement celle du taureau, présente l'image d'une conjonction d'opposés et renvoie implicitement à la notion d'androgyne - puisque la corne est à la fois phallus qui s'érige et l'arme qui peut pénétrer dans une chair d'homme tandis que la paire de cornes dessine l'harmonie d'une lyre et, reposant sur le front de l'animal, métaphorise dans sa double courbe le réceptacle d'une coupe et la matrice de la femme.

Le Cerf amoureux

Bernard PEIRANI

Les références au cerf sont fréquentes tout au long des différentes versions de Tristant et Iseut, depuis la scène où Tristant encore adolescent donne une leçon de dépeçage au maître veneur en personne du roi Marc, jusqu’aux funérailles des deux amants cousus dans une peau de cerf, en passant par tant d’épisodes où le cerf intervient comme gibier. Au delà des aspects fonctionnels de la chasse tels que l’approvisionnement en nourriture carnée ou l’entraînement de type sportif ou para-militaire, cette insistance justifie une recherche menée vers d’autres directions. Dans cette perspective, nous avons l’intention d’illustrer quelques unes des caractéristiques symboliques et mythiques du cerf en cohérence avec le contexte du roman. Nous considérerons ainsi successivement ses connotations dans les domaines de l’amour, du calendrier, de la botanique magique et de la mort. La documentation iconographique complémentaire présentée en annexe est axée sur l’homme faisant le cerf, ou le cerf auquel on fait faire l’homme.

Le Cerf amoureux

Il n’y a pas lieu d’être surpris du parallélisme entre l’interminable quête amoureuse menée par Tristan et les nombreuses chasses conduites par lui-même ou par d’autres. L’image est claire et l’association entre les deux thèmes, présente dans bien des mythologies, des rituels et des magies, est sûrement d’origine préhistorique. Le choix du cerf comme gibier peut être attribué à son importance cynégétique, mais aussi à son tempérament érotique, synthétisé dans l’expression populaire “ bander comme un cerf ”. Nous y retrouvons derrière sa crudité la comparaison avec l’arc du chasseur visant sa proie, en l’occurence plutôt femelle ou féminine, qui peut de son côté être aussi “ en chasse ”.
Mais d’autres considérations symboliques interviennent sans-doute ici, et d’abord le comportement amoureux du cerf en rut, la rivalité et les combats des mâles pour la conquête d’une ou plusieurs biches, ce qui nous place d’emblé en plein coeur du roman ; puis une certaine alternance des mâles en fonction de leur âge, qui pourrait illustrer les tribulations sentimentales et sexuelles de nos trois héros ; jusqu’au cocuage même, dont les cornes du cerf sont le symbole (les vieux cerfs trompés en ont de biens grandes).
Les deux concepts que nous venons de mettre en évidence à propos du cerf, celui de chasse vécue comme une traque sexuelle et celui de rivalité entre mâles pour une femelle, se rencontrent étroitement solidaires dans la fonction originelle eurasiatique : celle de la quête des âmes des animaux pour en assurer l’abondance à la chasse. Equipé bien souvent comme un cervidé, des ramures en tête jusqu’à la peau du vêtement et du tambour, le chamane part en effet mener dans la surnature des combats de renne en rut contre ses rivaux. Son objectif reste la conquête de la fille du maître des animaux pour disposer finalement d’âmes à incarner dans le gibier qui sera dès lors destiné aux chasseurs de sa tribu.
De tels modes d’action et de pensée sont-ils si éloignés de Tristan et Iseut qu’il pourrait paraître ? Certaines traces chamaniques sont visibles dans le roman, ainsi que dans d’autres productions littéraires du Haut Moyen-Age. Et en registre chrétien, le cerf a fini par symboliser aussi le Christ époux divin poursuivant de son brame les âmes ses épouses.

La danse des cornes d’Abbots Bromley

Encore aujourd’hui, aussi bien l’affrontement des cerfs en rut pour une conquête féminine que la chasse à connotation sexuelle font l’objet chaque année, à Abbots Bromley en Angleterre, d’un véritable rituel appelé la danse des cornes. Dans tous les premiers jours de septembre, c’est-à-dire en début de période de rut du cerf, un groupe d’une dizaine de danseur passe toute une journée de fête à répéter dans les différents quartiers de la paroisse un ensemble de figures préparatoires codifiées et un final où vont s’affronter deux rangée de trois cerfs face à face. Ceux-ci sont incarnés par six hommes portant chacun, emmanchée au bout d’un bâton, une tête de cerf sculptée en bois et surmontée de ramures véritables peintes en rouge ou en blanc opposées. Conservées toute l’année dans l’église de Saint-Nicolas (au traîneau tiré par des rennes), ces cornes proviennent en fait de rennes ; la plus ancienne a été datée de l’an mille après examen scientifique, alors que la première description connue de la danse est du XVII e siècle.
Les quatre personnages complémentaires des six “ cerfs ” sont Maid Marian, incarnée par un homme déguisé en femme et qui s’oppose à un garçon portant arc et flèche, un fou avec une vessie à la main (pleine d’âmes à naître dans les croyances arctiques), et un cheval-jupon. Ce personnage est très fréquent dans les cortèges carnavaleresques, mais aussi dans des rituels initiatiques extra-européens où son rôle primordiale reste l’accession à la transe. Dans ce contexte tout à fait chamanique, il est par ailleurs probable que le cerf-jupon, apparemment homme monté sur un cerf mais dans le fond homme portant un cerf, a précédé le cheval-jupon, comme en témoigne une figuration rupestre du Val Camonica italien datée au plus tard du Ve siècle av. J.-C. De toute manière , les cerf amoureux est bien chez lui à Abbots Bromley comme dans le Tristan.

Le Cerf calendaire

A y regarder de près, les notations calendaires, explicites ou suggérées, sont nombreuses dans notre roman : qu’il sagisse du début du Carême ou du 1er Mai, de la Pentecôte, de la Saint-Jean ou de la Canicule, pour ne citer que les plus notables. Le soin pris par le narrateur pour situer les événements dans le cadre d’une grille annuelle témoigne très vraisemblablement d’intentions symboliques et même mythiques : une date ou une période donnée véhicule alors pour le lecteur un peu averti une charge de connotations qui enrichissent le récit. Or le cerf constitue par sa nature même et par ce que les hommes y ont rajouté un support calendaire tout à fait remarquable.
Le renouvellement annuel de ses cornes après leur chute en Mars, ou le retour de son rut en septembre sont suffisamment spectaculaires pour être perçus comme des repères temporels : depuis l’Antiquité, le cerf est utilisé comme signe des équinoxes de printemps et d’automne. Mais on le voit aussi occuper la période des solstices, celui d’hiver d’abord avec les mascarades ; mais celui d’été aussi : comme dans une légende tyrolienne où il apparaît à minuit sous les futaies de Hauenstein, blanc et gigantesque, pour perdre ses ramures d’or au profit des chanceux. Et c’est à la Saint-Jean, revenant bredouille d’une chasse au cerf que Tristan songe à restituer Iseut à son époux légitime.
Les chasseurs, qui ont sans doute donné jadis le nom du cerf-Elaphos au mois grec de Mars, détournent le calendrier officiel pour nommer “ petit Avril ” le début automnal du rut du cerf, lorsqu’il commence à “ pisser son suif ” - c’est-à-dire à maigrir - mais qu’il est encore aussi beau qu’au mois d’Avril. Et leur observation de la fiente pour en déduire des renseignements sur le sexe ou l’âge de leur gibier par excellence les a même conduits à ébaucher un calendrier excrémentiel du cerf fondé sur la variation d’aspect en fonction des périodes de l’année : les fumées “ dorée ” correspondent à Janvier-Février, les “ bouzards ”, aux mois de Mars à Mai ; elles sont “ en plateau ” en Juin, “ en troche ” en Juillet et “ formées ” en Août. Tristan, si grand chasseur, devait bien le savoir. Mais reprenons plutôt avec lui un peu d’air frais en considérant un mythe plein de chlorophylle : celui où les hommes ont interprété les avatars saisonniers de la nature par ce que l’on peut bien appeler le cocuage calendaire.
Dans une version galloise du roman, le roi Arthur, prié d’arbitrer, décide d’un partage successif d’Iseut entre Tristan et le roi Marc, lié à la présence puis à l’absence de feuilles aux arbres. En tant que mari, Marc choisit de posséder Iseut pendant la période sans feuilles de l’année afin de profiter des nuits les plus longues. Mais le houx, le lierre et l’if ayant un feuillage pérenne, Iseut reste à Tristan pour toujours. Nous voyons réapparaître ici le mythe ancien de l’alternance semestrielle des deux mâles rivaux qui règnent l’un après l’autre sur une nature féminine incarnant la souveraineté : le vieux de l’hiver cède sa place au jeune de la belle saison qui l’envoie en enfer, cocu, avant d’être à son tour détrôné à l’automne. Les cycles annuels de la génération et de la croissance végétale, animale et humaine en constituent la base même, sur fond des révolutions climatiques et astrales. Et le cerf y joue fréquemment un rôle central.
C’est ainsi que le dieu gaulois Cernunnos à ramure de cerf est cocufié au printemps par Esus qui le remplace alors auprès de Rosmerta jusqu’à l’automne prochain. Lorsque Merlin monté sur un cerf lance une corne pour tuer un rival, nouvel époux de sa femme, nous assistons à une résurgence du même mythe ; peut-être lorsqu’il va jusqu’à Rome, transformé en cerf, annoncer à l’empereur César que sa femme le trompe avec douze jeunes hommes, au nombre bien calendaire.

Les mascarades du cerf

Le rituel du cerf, parfois sacrificiel, lié à ce mythe paraît à l’origine de plusieurs éléments carnavalesques de la culture populaire européenne, dont les principales célébrations périodiques du cerf s’articulent autour de deux moments particuliers : la fin de l’année et la période de Carnaval-Carême. L’importance de la première a été bien mise en évidence par les autorités ecclésiastiques qui n’ont cessé, plusieurs siècles durant de fulminer contre les mascarades païennes et tout simplement le déguisement en cerf des calendes de janvier. Cela n’a pas empêché, pour choisir un exemple parmi beaucoup d’autres, qu’un jeu du cerf soit encore réalisé en Roumanie au vingtième siècle, avec scénario de mort et de résurrection, à la fin de la période des douze jours, c’est-à-dire à l’Epiphanie. Cette résistance séculaire a ses racines dans des traditions très anciennes.
Il y a si longtemps que les hommes font le cerf : au moins depuis le chamane paléolithique en transe, coiffé de cornes et vêtu d’une peau de cervidé, qui danse sur le paroi de la Grotte des Trois Frères dans l’Ariège ; sans oublier non plus les massacres de cerf anglais retrouvés à Starr Carr, datés seulement du VIII e millénaire av. J.-C. : le crâne avec les bois en place a été taillé comme coiffure, les contours intérieurs, adoucis, les tempes, percées pour le passage d’un lien de fixation.
Quant à la deuxième période du rituel populaire du cerf, celle de Carnaval et de Carême, rappelons sa richesse par quelques exemples : le Lundi du cerf célèbre encore la Mi-Carême en Alsace, jour où les femmes sont toutes puissantes, mais où les filles sont menacées d’enlèvement par un homme de paille qui exécute une danse sous le nom de “ cerf violoneux ”. En Bulgarie, c’est le premier jour de Carême qui est appelé Lundi pur, jour des vieux ou simplement “ cerf ”. A Rouen au XVI e siècle, l’abbé des Conards défilaient sur son char le jour de l’ouverture du Carnaval, tenant une corne de cerf à la main ; jusqu’à ce que le Parlement s’oppose en 1588 aux Conards : leur abbaye prit alors le nom de Maison de la Sobriété (ce qui donne à penser au boire précédent, peut-être sous forme de vin herbé comme c’était souvent la coutume).

Le Cerf herboriste

La magie des herbes intervient dans Tristan et Iseut de manière répétitive, qu’il s’agisse aussi bien d’empoisonner que de guérir, de lier d’amour ou simplement de se maquiller pour éviter d’être reconnu. Iseut la reine d’Irlande, puis sa fille Iseut la blonde qu’elle instruit s’en révèlent toutes deux très expertes. Or le cerf passe dans le savoir populaire européen comme un grand connaisseur, parfois un initiateur en botanique magique : à l’ombre bien sûr de sa déesse Artémis-Diane, mère de toutes les magiciennes. Déjà de nombreuses parties de son corps d’herbivore entrent dans la pharmacopée traditionnelle, de ses cornes à “ l’os de son coeur ”. Mais les plantes médicinales n’ont pas de secret pour lui. Donnons en un exemple bien éloquent dans le contexte d’un Tristan maintes fois blessé par flèche ou épieu empoissonnés.
On prête au cerf la découverte et l’utilisation de certaines propriétés thérapeutiques du dictame. Il s’agit d’une plante dont deux des noms sont voisins du cerf - artemidion et cervi ocellum - et qui est considérée depuis l’Antiquité comme une véritable panacée, mais capable entre autres d’expulser une flèche de la plaie provoquée, puis guérir celle-ci : les cerfs, et aussi les chèvres sauvages, avaient la réputation de soigner de cette façon leurs blessures de chasse, d’avoir aussi transmis ce savoir aux hommes. Le cerf est censé faire également usage du dictame comme contre-poison après morsure de serpent ; et d’autres herbes, purgatives, seraient obsorbées par le cerf pour expulser un serpent avalé volontairement dans un but de renouvellement de ses cornes et de sa peau.

Des drogues pour le cerf

Dans un tout autre domaine d’application des propriétés des végétaux, celui de l’altération artificielle de la conscience à des fins diverses, nous voyons Iseut la mère préparer un vin herbé en philtre d’amour, peut-être à partir d’herbes aphrodisiaques de la Saint-Jean comme le millepertuis et surtout l’armoise d’Artémis ; notons que le dictame s’appelle en Crète erondas, ce qui équivaut à “ plante d’amour ”.
Pour ce qui est des plantes diaboliques, le cerf lui-même se droguerait-il ? Déjà la légende attribue aux chèvres sauvages la découverte pour l’homme de simples excitants comme les câpres et le café. Mais l’observation directe montre que les cervidés recherchent particulièrement certains hallucinogènes. C’est ainsi que les rennes apprécient les effets de l’ingestion d’amanites tue-mouches, de même que les chamanes qui utilisent ce champignon pour provoquer leurs voyages extatiques. Les rennes sont même très friands de l’urine de drogué à l’amanite et la boivent, ce que font également certains chamanes qui semblent sur ce point les avoir imités. N’en rions pas trop vite et lisons plutôt un passage du Rig-Veda où le célébrant s’adresse au dieu Indra en des termes qui liassent peu de doute quant à l’association des cervidés avec les drogues :

“ Comme le cerf, viens boire ici !
“ Boire le Soma, autant que tu le désires.
“ Pissant jour après jour, ô puissant,
“ Tu atteins le zénith de ta force.

Pour en revenir à notre roman, Iseut, dont un cheveu d’or est transporté au loin par une hirondelle, pourrait bien être une femme-oiseau : on serait alors en droit de se demander si cette métamorphose et ce voyage aérien sont si innoncents qu’ils paraissent ; et n’ont pas comme origine l’absorption buccale ou cutanée d’une drogue hallucinogène, ainsi que le pratiquent respectivement chamanes et sorcières, avec les mêmes effets ? De la part de la grande magicienne qu’elle est, il n’y aurait pas lieu de s’en étonner.
Quoi qu’il en soit, le cerf, familier des chamanes, n’est pas non plus étranger aux sorcières, dont la maîtresse était Diane, et qui utilisaient pour leurs vols sabbatiques des onguents à base de solanées telles que la datura, la jusquiame ou la mandragore. Selon les croyances populaires hongroises, elles s’affublaient même de corne de cerf si grandes qu’il leur fallait se mettre de biais pour entrer à l’église.
Et que dire de l’identification complète du cerf avec un petit cactus hallucinogène chez nos contemporains les Indiens Huichol du Mexique ? Le cas est trop exemplaire pour l’écarter, même s’il peut sembler exotique. Voilà une plante sacrée, le peyotl, apparue à l’origine dans les empreintes d’un cerf, qui fait l’objet une fois l’an d’une quête rituelle prenant la forme d’un lointain pèlerinage ; à son terme, elle est récoltée sous le nom de “ cerf ” par un chamane avec utilisation symboliques de flèches. Le retour s’accompagne d’une chasse réelle au cerf animal. La confusion essentielle du cerf et du peyotl s’explique sans doute par l’observation humaine de la consommation animale répétée d’un hallucinogène : d’autres exemples de celle-ci apparaissent dans le Pérou précolombine, toujours en association avec les cervidés. Mais nous n’en avons pas encore trouvé de trace explicite dans la tradition européenne, ce qui serait cependant logique ; d’autant que la fonction de conducteur d’âmes est bien attestée pour le cerf.

Le Cerf psychopompe

A la fin du roman, lorsqu’Iseut vient de mourir sur le cadavre de Tristan, les corps des deux amants sont embaumés puis cousus dans une peau de cerf, avant d’être embarqués sur un esquif. Le géant Morholt, tué par Tristan en combat singulier, avait déjà subi le même traitement. Et nous en trouvons un autre exemple, étonnant dans sa réalité chrétienne au XIV e siècle : celui du pape Clément VI, ancien moine de la Chaise-Dieu en Auvergne, et qui s’y fit enterrer de la sorte ; il avait par ailleurs fait décorer de scènes de chasse la Chambre du Cerf de son palais avignonnais.
Ce mode de sépulture encore relativement tardif ne peut qu’être rattaché à un ensemble de croyances millénaires concernant la renaissance matricielle par la peau d’un animal. De l’Egypte antique à l’Inde ou à la Grèce, elles se manifestent par l’utilisation de peaux d’herbivores à des fins d’initiation, funéraires ou oraculaires : comme dans la cérémonie osirienne de passage par la peau pour le renouvellement de la vie d’un pharaon ; dans le rituel des mystes de Cérès à Eleusis, couverts de peau de cervidé pour entrer en communication avec l’au-delà ; ou dans la consécration védique, la dîksa, dans une peau d’antilope au profil d’un sacrifiant.
Le grand chasseur Orion, celui-là même dont le nain Froncin considère la course du ciel nocturne pour connaître l’heure d’un rendez-vous de Tristant et Iseut, naît dans une peau de taureau. Mais c’est bien une peau de cerf qui emporte les deux amants dans leur dernier voyage, celle d’un animal qui a toujours accompagné les hommes, morts ou vifs, aux gués de la Voie Lactée et sur les routes de l’au-delà. Un cerf blanc guide Lancelot vers le château du Graal, avant d’ailleurs de passer indemne comme Tristan au travers du vitrail d’une chapelle. Un autre exemple, bien significatif pour notre propos, est celui d’une sainte suisse du XIII e siècle, la comtesse Idda de Toggenburg : le comte l’accuse d’adultère pour avoir retrouvé son alliance au doigt d’un chasseur, et la défenestre ; miraculeusement sauvée - comme Tristan par hasard -, elle devient ermite et recluse. Plus tard, une fois son innocence reconnue (une pie avait volé son anneau), elle se consacre aux pauvres dans un couvent où un cerf à la ramure en flammes la guidait lorsqu’elle se rendait de nuit à l’église. De plus, elle est célèbrée le 3 novembre, le lendemain du jour des morts, comme saint Hubert, le chasseur de cerf à la croix lumineuse. Quant au voyage des morts avec le cerf, dès le cinquième millénaire des ramures de cervidés entourent les cadavres dans les sépultures, en Bretagne comme au Danemark. Et le chamane sibérien, que nous avons vu voyager dans la surnature avec un renne comme monture, ou lui-même sous forme de renne, se retrouvera un jour suspendu à un arbre, comme chez les Toungouses, mort enveloppé dans une peau de renne. Malgré l’éloignement dans le temps et dans l’espace, nous ne sommes pas vraiment dépaysés si nous pensons ici encore à Merlin chevauchant un cerf, menant une vie de cerf au milieu des hardes dont il est le maître, en tête des chasses sauvages de la forêt calédonienne. Ou au chasseur fantôme Herné, vêtu d’une peau de cerf, arborant des cornes de cerf sur le crâne, auréolé d’une lumière bleue phosphorescente, qui hante encore le parc de Windsor au temps de Shakespeare : personnifié par Falstaff, il sera chassé à son tour par les joyeuses commères qu’il est venu ravir, et jeté tout encorné à la Tamise.
Notre tradition occidentale moyenâgeuse est tout imprégnée de cette culture païenne du cerf qui, narguant les foudres de l’Eglise, se manifeste jusqu’à nos jours dans les mascarades où l’on fait le cerf, amoureux, calendaire ou psychopompe.

Le grand voyage du Cerf

Tristant et Iseut lui ont emprunté sa robe pour leur dernière traversée. En écho nous parvient encore aujourd’hui un chant de Noël roumain, une “ colinda ” (de la calende), bien païenne et un peu mystérieuse, qui met en scène un cerf traversant une rivière et portant dans une nacelle entre ses cornes géantes une jolie fille en train de coudre. Elle lui demande de nager doucement pour ne pas gâcher son ouvrage, sinon ses frères chasseurs le tueront. Et elle ajoute :

“ Célèbre mon mariage avec ta chair,
“ Construis ma maison avec tes os,
“ Couvre la avec ta peau,
“ Peins la avec ton sang,
“ Fixe ton crâne à ma porte,
“ Fait des coupes à boire avec mes sabots. ”

De quelles noces mortelles s’agit-il au juste ? Iseut nous en laissera deviner le sens. Pour elle, le cerf psychopompe de la mort est bien toujours le même que son cerf amoureux, celui qui déjà la portait en croupe lors de la traversée caniculaire du gué du Mal-Pas : Tristan son chasseur, lui aussi traqué comme une bête fugitive, qui l’aidait à franchir la Voie Lactée, en bordure de la Blanche Lande. Et leur histoire s’achève par l’ouverture sur le chemin des âmes.
En définitive, ils nous transmettent tout deux les lambeaux d’un héritage traditionnel pré-chrétien qui relève essentiellement d’une culture archaïque de chasseurs à teinture chamanique, et qui a été repris ensuite par des sociétés de pasteurs et d’agriculteurs

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vous remercie pour cet article passionnant, je pense que c'est un des articles le plus intéressant que j'ai pu voir à ce jour sur Cernunnos et le symbole du cerf en dehors de ce que je savais déjà.
Je me rends compte à quel point mes connaissances étaient minimes et c'est un réel plaisir de lire cet article.
Je suis étonnée qu'il n'y ait pas plus de commentaires...
Félicitations et bonne continuation!

Eva a dit…

Bonjour. Merci beaucoup pour votre article. Il est magnifique! Je prépare un atelier créatif où je mêle le chant, la danse et le théâtre en m'appuyant sur les tradions et les mythes au fil de l'année. Quelle source d'inspiration! Voici le lien: http://association-jenese.blogspot.com/